Alice au Pays des Merveilles aurait pu être fantastique sous la direction du plus farfelu des réalisateurs américains mais, préférant la gaudriole numérique à la poésie, proposant une histoire remodifiée avec un humour enfantin et de l'action épique télécommandée, le long-métrage ne peut être un chef-d’œuvre. Déjà peu fan des romans, je me suis quand même immiscé dans l'histoire mais son traitement est ici beaucoup trop simpliste, trop proche d'un film-guimauve Disney (dont le vieux dessin animé de 1951 est par ailleurs beaucoup plus prenant).
Il commence donc dans le monde réel et au bout d'une dizaine de minutes, on fait connaissance avec la jeune Alice, hélas interprétée par la très fade Mia Wasikowska. Puis le tout s'enchaine forcément dans un Pays des Merveilles bourré de décors numériques certes magnifiques mais pas vraiment originaux ni très réalistes, de créatures en images de synthèses très inégales (l'animation des personnages est réussie mais on ne peut pas en dire autant de la crédibilité qui leur est accordée) et d'une 3D encore une fois mal exploitée. Les nouveaux personnages colorés s'accumulent donc naturellement, de Helena Bonham Carter qui horripile à chaque scène au double-rôle numériquement hideux de Matt Lucas en passant par l'inévitable Johnny Depp qui cabotine agréablement pour une prestation drôle et enjouée...
Trop de personnages dans des scènes courtes et sans saveur (Absolem la Chenille, le Chat du Cheshire, Tweedledee & Tweedledum...), un scénario linéaire, une fin des plus aberrantes : ça commence à faire beaucoup de défauts pour un long-métrage burtonnien où Burton fait du Burton pour des fans de Burton. En bref, ce quatorzième film est un bon divertissement sympathique mais une grosse déception comparée à ses œuvres antérieures. Quand la mode détruit la poésie...