À l’image de la voracité et aptitude à la prolifération de sa créature vedette, la saga Alien continue d’agrémenter son univers sur grand écran : après les additions à la qualité variable de Ridley Scott (Prometheus, Covenant), c’est Fede Álvarez qui obtint le droit d’ajouter sa pierre à l’édifice. Révélé via son remake d’Evil Dead et auteur du sympathique Don’t Breathe, le CV de l’uruguayen plaidait un tant soit peu en sa faveur, restait donc à savoir ce que Romulus apporterait concrètement à la légende du Xénomorphe.
Bien qu’il s’inscrive dans la chronologie canon de ce dernier, celui-ci prend tout de même de sacrés airs d’opus mineur, pour ne pas parler carrément de spin-off, tant il s’écarte des grands axes tissés autour de Ripley ou David. Une impression confortée par sa propension à vivre de ses références, son intrigue recyclant moult mécanismes et icônes de ses aînés dans une sorte d’hommage très sage. À cela s’ajoute des choix discutables, telle que cette satanée caboche de Ian Holm, clin d’œil maladroit de son état qui abime la rétine sans réelle plus-value scénaristique.
Pourtant, en dépit de son énième héroïne vouée à survivre à contrario de tous ses camarades, Romulus n’est pas déplaisant : il est même divertissant, car pourvoyeur de quelques bonnes idées de mise en scène venant compenser une tension sur courant alternatif. À défaut du grand frisson, il malmènera assez bien sa brochette de jeunes adultes sacrifiables, quitte à carrément grossir les archétypes et verser dans de la cruauté gratuite au moment fatidique (Bjorn). L’emploi du personnage d’Andy fonctionne également assez bien, le long-métrage cultivant un espoir teinté d’ambivalence autour de ses nouvelles « capacités », l'issue potentielle s’accompagnant de doutes et choix complexes.
In fine, Romulus ne peut toutefois prétendre à davantage : sa structure tant et si tant semblable à celle des précédents volets invalide ses chances d’unicité, tout en réduisant drastiquement sa capacité à nous surprendre. Son dénouement en cristallisera toute l’étendue, cet ultime face-à-face et les conditions du succès « humain » virant à la redite malheureuse. Resteront donc sa plastique avantageuse et de beaux sursauts inventifs, à l’instar de sa distribution méconnue faisant le job.