Avec All In: The Poker Movie (2009), Douglas Tirola s’attaque à un sujet riche, voire passionnant : l’ascension fulgurante du poker dans la culture populaire. Pourtant, malgré ce potentiel évident, le résultat final m’a fortement déçu. Ma note de 4.5/10 reflète une impression tenace d’inachevé, presque d’amateurisme, que je souhaite expliciter ici de manière argumentée.
Dès les premières minutes, un problème majeur saute aux yeux : All In se disperse. Plutôt que de structurer son récit autour d’une progression logique ou émotionnelle, Tirola empile sans discernement témoignages, anecdotes, et extraits d’archives. Il en ressort une impression de brouillon maladroit, où le spectateur peine à percevoir un fil rouge ou une véritable thèse. Ce manque de vision claire mine l’intérêt du film dès son premier tiers.
Pire encore, le documentaire semble se contenter d’effleurer des sujets pourtant cruciaux. L’impact sociétal du poker, ses dérives économiques, ou encore l’addiction potentielle des joueurs sont évoqués du bout des lèvres, sans jamais être réellement approfondis. Tirola préfère s'attarder sur des figures populaires et flatter la success-story américaine, quitte à sacrifier toute forme d’analyse critique. Cette approche naïve et complaisante frustre autant qu’elle déçoit.
D'un point de vue formel, le documentaire peine également à convaincre. Le montage est répétitif, parfois même laborieux, et la mise en scène manque cruellement d’inventivité. L’esthétique générale évoque plus un reportage télévisuel qu’une œuvre cinématographique forte. Dans un sujet aussi vibrant que le poker, cette platitude visuelle finit par rendre le visionnage fastidieux.
Quelques moments plus réussis parsèment toutefois l'ensemble, notamment grâce à l'authenticité de certains témoignages. La sincérité avec laquelle certains joueurs racontent leur parcours apporte une bouffée d'humanité bienvenue. Mais ces instants précieux restent noyés dans un flot d’images et de discours convenus, incapables de sauver l’œuvre de l’ennui.
En définitive, All In: The Poker Movie est un documentaire qui visait la hauteur mais qui s’effondre sous son manque de rigueur et de parti-pris. Un sujet aussi riche méritait mieux qu'une simple collection d'anecdotes. En misant tout sur la passion sans travailler son discours ni son esthétique, Tirola a perdu son pari.