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Il faudrait inventer un mot pour ces films-là. Pas mauvais. Pas bons. Juste là. Sur la frontière pâteuse de l’oubli. Almost Cops de Gonzalo Fernandez Carmona, ou comment filmer l’esquive en croyant viser le punch. Une comédie policière qui n’en fait ni rire ni trembler, mais qui suinte une sorte de sincérité trop lisse, comme un t-shirt d’intermittent qui n’a pas dormi mais veut y croire.
Un ancien flic rétrogradé – pas pour avoir sauvé le monde, non, pour l’avoir trop regardé. Un enquêteur modèle, raide comme une fiche de poste. Et un tueur, quelque part, hors champ, hors genre, hors intérêt. Ce n’est pas un scénario, c’est une check-list : buddy movie ? check. clash de caractères ? check. twist au troisième acte ? check. Mais l’émotion, elle, coche jamais. Elle reste dehors, sans badge. Et nous, dedans, assignés à résidence dans une intrigue trop propre pour le chaos qu’elle prétend vendre.
On aurait voulu un Hot Fuzz néerlandais. On reçoit une VHS de Taxi 5 en VOSTFR. Le montage court, les punchlines tombent, mais rien ne pousse. L’action bouge sans incidence, les corps se cognent sans gravité. Le cadre est léché – trop ? – Rotterdam semble flotter dans un gris tiède, sans tripes, sans écho. Comme si la ville avait été tournée sous anxiolytique.
Côté jeu, Kenneth Asporaat tire ce qu’il peut d’un rôle dessiné au stabilo. Il cabotine à l’économie, croyant tenir l’ironie par le cou quand il ne fait que l’effleurer du bout du gag. Tout ça sent le sketch étiré. La vanne qui attend la vanne. Et les silences qui ne disent rien – ni malaise, ni tendresse. Juste le vide entre deux effets.
La musique ? Fonctionnelle. Sans ironie, sans groove. Une bande-son de salle d’attente. Elle meuble. Elle anesthésie. Elle confirme l’absence de prise de risque. Ce n’est pas un rythme, c’est une résignation. Comme si le film s’excusait de déranger.
On voudrait défendre. On voudrait dire : c’est une tentative, une esquisse, un jeu de genre modeste. Mais même le regard, même la mise en scène ne semblent pas y croire. Pas de tension. Pas de chaleur. Pas de moelle. C’est un film éponge : il absorbe les clichés du buddy movie sans jamais les essorer, sans jamais les contaminer.
Alors on regarde. On attend. Et ça passe. Comme un jour sans histoire. Un jour où le cinéma a mis un gilet jaune fluo pour faire semblant de réguler la circulation des idées.
Note : 10/20. Pour l’effort. Pour l’envie peut-être. Mais l’âme, elle, a manqué le casting.