Le premier hipster

Les deux Hughes ensemble c'est déjà pas folichon mais alors quand ils décident de faire une carrière en solo, faut même pas en parler. Enfin si, sinon ça voudrait dire que je ne peux pas rédiger cette critique.

L'intrigue n'est pas géniale. Le fait que ce soit minimaliste ne me dérange pas, mais ici c'est faussement exploité. Le début est pourtant bien trouvé, on commence dans le vif du sujet... et puis bardaf : un flashback explicatif. Il n'est pas inutile ce flashback... mais j'aurais préféré voir toute cette partie dans l'ordre chronologique plutôt que de jouer au faux suspense de la sorte. Ou alors présenter le personnage plus brièvement (en 2 minutes) et puis laisser l'intro identique, sans avoir à revenir dans le passé 'pour comprendre'. Parce que bon, flanquer un flashback aussi explicatif, c'est gâcher le minimalisme du récit. C'est aussi l'occasion de se ridiculiser parce qu'il faut bien dire que ces hommes des cavernes sont vachement trop modernes. Après, ça peut être un parti pris... mais dans ce cas c'est dommage de n'avoir pas approfondi ce délire (pourquoi ne pas aboutir, par exemple, sur un trip à la Mad Max ?).

Les conflits ne sont pas très nombreux et surtout les résolutions sont souvent trop faciles. Cela gâche complètement certaines séquences. La relation avec le loup est bâclée : ils ne nouent pas beaucoup de liens et le peu qu'ils tissent se font trop rapidement. Du coup l'évolution est trop facile. Cela manque de cruauté aussi, avec pourquoi pas une fin moins heureuse.

Au niveau du discours, c'est intéressant. outre la domestication animale, on nous parle surtout d'un jeune homme qui apprend... à ne pas son boulot par lui-même mais à se servir d'autre chose parce qu'il est incapable de le faire lui-même. Je caricature, parce qu'au final, il parvient à tuer, il parvient à allumer un feu, il parvient à chasser, à nourrir, à survivre... n'empêche que si on remplace le loup par un téléphone... On a là le parfait portrait d'un ado d'aujourd'hui, incapable de se débrouiller, qui rejette la débrouillardise au profits d'applications qui vont penser pour lui. Mais là j'extrapole beaucoup.

La mise en scène est bien triste : c'est gênant de voir autant de CGI. Quand on a un vrai plan de loup, il y a de quoi être ému. Le plus bizarre, c'est que certaines séquences auraient pu être tournées avec un vrai chien-loup bien dressé. Ou avec d'autres animaux un peu déguisés ou légèrement retouchés pour faire '20000 d'âge'. Certains décors sont sympas, mais à nouveau la surabondance d'effets numériques gâche l'expérience : on rêverait de décors naturels, sans trop de retouche et il faut se taper tous les fonds d'écran Windows 10 imaginables.

J'aime beaucoup les costumes. C'est pas du tout réaliste. Les personnages sont mieux habillés que moi, c'est injuste. C'est pas forcément une mauvaise idée, mais à nouveau on est proche d'une idée à la Mad Max sauf que les auteurs n'osent pas approfondir ce côté-là et on en reste à quelques vêtements cools.

Bref, pas terrible ce film.