L’originalité du scénario tient de la prise de risque extrême: dans une société où le star system a atteint son apothéose, les fans s’infligent les maladies de leur idole. Et dans cet univers improbable, s’installera un thriller fondé sur le trafic de virus. Étrangement, on accepte presque facilement ce principe douteux, et le film ne parviendra que rarement à choquer le spectateur. En revanche, malgré un rythme un peu faible, on suit avec intérêt une intrigue qui utilise avec ingéniosité les opportunités offertes parle thème. Toutefois, on regrettera le manque de clarté dans le récit : le fonctionnement du Ready Face m’est apparu très obscur, mais c’est surtout le final qui aurait gagné en explications.

Pour retranscrire cette société malade, la réalisation propose une ambiance à la fois clinique et maladive. L’omniprésence du blanc à l’écran contraste avec le teint blafard et maladif de l’acteur principal, Caleb Laundry Jones, qui livre une performance perturbante. D’autre part, certains plans sont splendides, à condition de trouver dans le visage morbide Syd March une forme d’esthétisme.

En revanche, l’univers crée par Brandon Cronenberg se révélera particulièrement riche. Outre une fascination pour les maladies, on y verra encore de la greffe de peau, une insistance exacerbé des médias, du cannibalisme, et des espèces de sex tape inquiétante. Mais s’il ne s’agit là que d’idées grossières censé choquer, c’est surtout dans les quelques réflexions sur les stars que le film tire son épingle du jeu. En particulier, le médecin de Hannah Geist, propose la thèse selon laquelle la star touche au divin, parle pouvoir du regard collectif.

Un thriller au thème extrême, mais pas tout à fait convaincant.
Kroakkroqgar
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2013

Créée

le 24 nov. 2013

Critique lue 243 fois

Kroakkroqgar

Écrit par

Critique lue 243 fois

D'autres avis sur Antiviral

Antiviral
PatrickBraganti
4

La guerre des boutons de fièvre

Bon (ou mauvais, peut-être) sang ne saurait mentir. Autrement dit, on attendait, l’œil aux aguets et la langue déjà vipérine, le premier long-métrage de Brandon Cronenberg, le fils de David, le...

le 13 févr. 2013

25 j'aime

2

Antiviral
Sergent_Pepper
5

Inoculé de sa race

Ce n’est pas parce qu’on est le fils de Cronenberg qu’on doit se sentir investi d’une mission patrimoniale, consistant à reprendre les thématiques chères à papa (et quelques peu délaissées depuis,...

le 2 juin 2017

17 j'aime

3

Antiviral
Gand-Alf
6

Virus de stars.

A l'heure où papa Cronenberg semble s'enfoncer dans un cinéma non plus organique mais de plus en plus intellectuel, voilà que nous arrive le fiston, Brandon, qui, pour son premier long-métrage, nous...

le 17 mars 2014

12 j'aime

Du même critique

Brazil
Kroakkroqgar
5

Critique de Brazil par Kroakkroqgar

Si Brazil est le chef d'œuvre du réalisateur Terry Gilliam, il ne convaincra pas tout le monde en tant que chef d'œuvre tout court. Tout d'abord, le spectateur est jeté dans une société réglée par...

le 16 avr. 2013

40 j'aime

9

La La Land
Kroakkroqgar
4

Critique de La La Land par Kroakkroqgar

Difficile de dissocier 'La La Land' de sa couverture médiatique : plébiscité par les médias et triomphe absolu aux Golden Globes, la comédie musicale surfe sur la vague qu'elle a cherché à provoquer...

le 25 janv. 2017

37 j'aime

3

Vidéodrome
Kroakkroqgar
5

Critique de Vidéodrome par Kroakkroqgar

‘Videodrome’ traite du rapport des hommes à la télévision, comme ‘ExistenZ’ le fera pour les jeux-vidéos. Seulement, le scénario est tellement obscur que le propos en devient confus. Entre un...

le 2 août 2013

33 j'aime