Mel Gibson signe ici un pari complètement fou : raconter la fin d’un monde (celui d’une civilisation maya déclinante) à travers les yeux d’un seul homme, sans stars de casting et. sans un mot d’anglais. Et ça fonctionne.
MGrâce à un casting composé uniquement d’acteur·ices natif•ves non professionnel·les, le film atteint une intensité brute, animale, presque chamanique. Chaque regard, chaque geste donne au récit une densité organique qu’aucun acteur formé ne pourrait feindre. Gibson ne les dirige pas : il les laisse habiter l’écran.
L’histoire tient en une ligne : un jeune homme fuit pour sauver sa vie et retrouver les siens. Mais ce qu’on voit, c’est la fin d’un monde vue depuis la forêt, le choc des civilisations, la violence du pouvoir, et la beauté d’un lien sacré à la terre, au corps, au clan.
L’esthétique est sidérante : caméra fluide, plans serrés sur la peau, la sueur, la peur, puis visions hallucinées dans une jungle qui semble respirer. C’est un film de chasse, de sang, de mort, oui. Mais aussi un poème visuel sur l’instinct, l’espoir et la régénération. La nature n’est pas un décor : elle est personnage, alliée, temple, souffle.
Apocalypto ne parle pas de “la fin de la civilisation Mayas” : il parle de la capacité à survivre à la catastrophe. De ce qu’on transmet, même dans la fuite.
Et il le fait sans romantisme colonial ni didactisme historique.
Conclusion : un film rare et hypnotique, porté par des acteur·ices inoubliables et une esthétique de vertige. C’est du cinéma qui ne reconstitue pas mais qui ressuscite.