Après la tempête (2016) - 海よりもまだ深く/ 117 min.
Réalisateur : Kore-Eda Hirokazu - 是枝 裕和.
Acteurs principaux : Abe Hiroshi - 阿部寛 ; Maki Yoko - 真木よう子 ; Kiki Kirin - 樹木希林. ; Yoshizawa Taiyo -吉澤太陽..
Mots-clefs : Japon ; Famille ; Quotidien.


Le pitch :
Ryôta, auteur d'un roman à succès, est détective privé pour subvenir à ses besoins et pour payer la pension alimentaire de son fils de onze ans. Il s'efforce de trouver de l'argent en jouant à la loterie et en pariant sur les courses cyclistes. Lors d'un typhon annoncé sur la ville, il est coincé dans l'appartement de sa mère, avec son ex-femme et son fils. Ils vont tenter de se reconnecter.


Premières impressions :
Kore-Eda Hirokazu, 55 ans, né à Tokyo, est certainement LE réalisateur japonais de la décennie. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, je résumerais Kore-Eda en trois mots : poésie, humanisme et sensibilité. Ce cinéaste a un don pour observer ses contemporains et rendre cinématographique ces petits riens du quotidien. Bref, il est ovationné à la fois par la critique et par le public. Avec 150 000 entrées en salles en France et une sélection à Cannes, « Après la tempête » confirme sa place aux côtés des autres chefs d’œuvres du réalisateur (Nobody Knows ; Still Walking ; Tel père, tel fils…).


Pour ce douzième long-métrage, Kore-Eda se fait scénariste et nous offre une proposition plus personnelle. Produit en même temps que « Notre petite sœur », un superbe film contemplatif se déroulant dans le calme de la province, « Après le tempête » nous ramène à Tokyo, dans la cité HLM dans laquelle le réalisateur a grandi. Le film se concentre sur le renoncement des rêves à l’âge adulte, mais aussi sur l’éclatement de la cellule familiale au Japon, une situation que semble connaître intimement Kore-Eda. Il en résulte une ambiance qui mêle étroitement nostalgie et mélancolie, mais sans être ni contemplatif, ni misérabiliste, ni ennuyeux.


Le film est pour l’essentiel concentré sur le personnage de Ryôta, un père divorcé un peu looser qu’Abe Hiroshi (Still Walking, I wish, Thermae Romae) sait rendre très attachant au gré des ses rencontres et de ses filouteries. Si l’intrigue est un peu basique, le film m’a totalement happé par la qualité des interactions entre les personnages. En fait, « Après la tempête » ne serait rien sans ses seconds rôles d’une très grande qualité et en particulier sans Kiki Kirin (Kamikaze girls ; Tel père, tel fils ; Les délices de Tokyo) dans le rôle de la mère de Ryota. A 73 ans, l’actrice attire l’œil de la caméra comme le ferait une jeune première ! Il faut dire que Kore-Eda la connaît bien et qu’il lui a offert un rôle sur-mesure inspiré à moitié par le souvenir de sa propre mère et à moitié par Kiki Kirin elle-même.


Ainsi, huit années après Still Walking, Kore-Eda réunit de nouveau le couple Kiki – Abe pour camper une fois de plus une relation filiale, véritable projection de son histoire personnelle. Cependant, plus que de parler de liens filiaux, c’est surtout la capacité à recréer des liens dans les familles disloquées qui semble hanter le réalisateur. Je ne connais pas son histoire personnelle, cependant ce film a beaucoup résonné en moi car il ressemble quelque part à ma propre histoire personnelle d’enfant de divorcés. Père en retard, relation tendue entre ex-époux, utilisation des enfants pour faire le messager, histoires de pensions alimentaires… Toutes ces petites choses sonnent vraies et respirent le vécu. Cependant, malgré un thème un peu lourd et sans être exactement un feel good movie, « Après la tempête » reste un film assez léger et même plutôt drôle, un film sensible donc, mais qui se veut plus philosophe que dépressif !


En bref, Après la tempête est un film que j’ai beaucoup apprécié et que je conseille à tous ceux qui aiment les films sur la famille, à tous ceux qui aiment le Japon, mais aussi à tous ceux qui ne connaissent rien aux « films asiatiques ». En effet, de par son thème universel et sa narration assez classique, Après la tempête se présente comme le film parfait pour introduire vos parents ou vos amis aux films venus d’Asies ! Pour les curieux ou pour ceux qui recherchent des idées de cadeaux originaux pour leurs vieilles tantes acariâtres, le DVD devrait sortir d’ici la fin août 2017, qui sait votre tante acceptera peut-être de lire un « mangasse » la prochaine fois !

GwenaelGermain
8
Écrit par

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le 3 août 2017

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