Je m'appelle Arco. Je suis un petit garçon comme tant d'autres. C'est à dire que j'ai la bougeotte et envie de découvrir le monde tout seul. Parce que avoir les parents sur le dos, c'est pas top, je pense que vous pouvez le comprendre. Et puis, j'ai envie de faire comme eux. D'explorer le temps, d'inventorier le monde, de le soigner, et, surtout, de réaliser mon rêve : rencontrer les dinosaures.
Sauf que je suis encore trop petit pour les accompagner et que ce n'est pas juste !
J'enfile la cape de ma sœur pendant qu'ils dorment dans cette maison toute ronde et haut perchée, comme une cabane dans les arbres de quand on était petit dans le temps. Ca ressemble à un paradis ou un monde utopique. Sauf qu'en dessous, on ne voit plus rien. Parce que la jachère est cachée par des gros nuages. Et surtout, on devine que ce n'est plus trop habitable hors de nos îlots de verdure auto-suffisants comme dans un rêve écologiste.
Je tombe avant de me redresser et de m'enivrer de toute cette liberté. Défiant l'apesanteur, la diffraction de la lumière et toutes ces couleurs qui m'enveloppent. Mais je me mords rapidement les doigts de ma bêtise. Car je suis tout seul et perdu.
Je suis tombé dans un monde d'avant où le sol est encore habité. C'est plein de choses que je ne comprends pas et de vieux trucs. Et je fais connaissance avec le début du désastre. Si le progrès a amélioré la vie de ce monde aux accents fifties, il est déjà ravagé par les tempêtes tonitruantes qui mettent par terre les poteaux électriques et les incendies incontrôlables qui dévorent la nature. Un monde de catastrophes climatiques quotidiennes et totalement déconnecté du vivant.
Je suis tombé dans un monde d'avant où les parents ne sont là que par hologramme, laissant leurs enfants aux bons soins de robots-nourrices. Des robots sympathiques et bienveillants, symptômes positifs du développement de l'intelligence artificielle, auxquels on se confie les jours de pluie et de pleurs. Des robots qui suscitent l'émotion aussi.
J'ai une drôle d'allure, avec ma combinaison unicolore et ma cape arc-en-ciel. Comme dans E.T. L'Extra-Terrestre, il y a des méchants à mes trousses, avec des paires de lunettes psychédéliques et leur côté burlesque, qui font qu'ils ne sont pas très sérieux au bout du compte.
Ici, j'ai fait la connaissance d'Iris. L'association de nos deux prénoms porte toute la poésie de l'ensemble, au même titre que le sillage arc-en-ciel que je laisse derrière moi. L'attendrissement aussi, avec l'expérience des premiers émois enfantins. Notre association est de la même manière synonyme d'une aventure palpitante, touchante, mélancolique, d'un optimisme mesuré tenant compte de certains dégâts déjà irréversibles.
La beauté plastique de mon film n'étouffe jamais son cœur battant, sa volonté de s'adresser à tous les publics ou encore son imaginaire fertile qui, de la recréation du passé, se tourne ensuite vers un futur dont on peut encore écrire quelques-unes des lignes directrices.
Demain n'est pas aussi loin qu'on pourrait le penser.
Behind_the_Mask, un arc-en-ciel entre deux mondes.