La claque de film d'animation 2025 se faisait attendre...
Elle a enfin surgi des cieux sous la forme d'une merveille répondant au petit nom de "Arco".
Le meilleur est sans doute d'y aller vierge de toute information sur son histoire tant l'introduction à l'univers SF concocté par le français Ugo Bienvenu au sein de son premier long-métrage est un bonheur d'immersion en termes de narration, faisant percuter deux mondes lointains, où le spectateur est placé au rang d'explorateur pour en lever le voile sur l'inconnu de leurs subtilités inventives toujours pensées comme des échos (porteurs d'espoir ou non) pas si éloignés du nôtre, et en en matérialisant les répercussions humaines dans les battements de coeur dégagés par la rencontre entre ses deux jeunes protagonistes principaux.
L'éblouissement passe bien sûr aussi par un visuel au style étonnant, héritier évident de l'animation japonaise 2D ravivant le design naïf d'anciennes séries du genre des années 80 pour ce qui concerne en grande partie les personnages (le look improbable de son trio de "méchants" en est le paroxysme) mais dans des cadres ahurissants de détails (notamment sylvestres et citadins), des espèces de fourmillements picturaux dans lesquels nos yeux se plongent avec régal et ne peuvent qu'en savourer la méticulosité du travail fourni.
Si, dans un premier temps, l'intrigue va faire de la réunion extraordinaire de ses deux petits héros un apaisement à leurs maux mutuels dans un registre semblable à "E.T." par le biais de très jolis moments poétiques de communion enfantine, "Arco" va s'envoler de façon encore plus grandiose dans sa deuxième partie, sorte de course-poursuite permanente où chaque possibilité de son récit à peine survolée jusqu'alors, chaque trait de caractère faussement insignifiant de personnage révélé, chaque envolée esthétique laissée en jachère dans notre imagination vont devenir les couleurs socles d'un véritable arc-en-ciel émotionnel ne cessant de prendre son essor de perfection pour irradier l'écran par toute l'amplitude de sa beauté et de son intelligence.
Et, alors même que le film paraîtra à un moment trouver la voie d'une conclusion rêvée, qui pourrait parachever idéalement l'éclat qu'il ne cesse d'atteindre, "Arco" se permettra même de déjouer nos attentes pour une fin en réalité encore plus posée et belle que supputée, quintessence poétique d'un récit et d'une maîtrise narrative à le délivrer (à tous les niveaux) jamais pris en défaut.
Un bijou.
Si jamais vous vous demandiez d'où viennent les arcs-en-ciel en franchissant la porte du cinéma où était diffusé "Arco", il est fort probable que "l'esprit d'Ugo Bienvenu" soit la seule réponse qui vous reste en tête en quittant la salle.