(1977. Assaut sur la ville. ITA. : Napoli spara ! ENG.: Weapons of death.
Vu en VOST, Blu-Ray edition studio canal, collection make my day.)

Naples, années 1970. Alors que le crime semble s’être installé durablement dans la cité napolitaine, le commissaire Belli (Leonard Mann) s’acharne dans son enquête concernant Santoro (Henry Silva), un Don local particulièrement violent et bien protégé…


Mario Caiano n’est pas le plus célèbre de ces nombreux artisans du Bis italien des années 1960-1970. Assistant de Sergio Leone sur Pour une poignée de dollars, il fait également partie des premiers à s’engager vers le western dès 1963-1964 (La griffe du coyote, Mon colt fait la loi). De sa large filmographie, on pourra, entre autres, retenir Les amants d’outre-tombe avec Barbara Steele, La brute, le colt et le karaté avec Lee Van Cleef. Ce à quoi on peut ajouter quatre polars : A toutes les voitures de police, le sombre Milano violenta, Antigang et donc Napoli spara ! Sorti en 1977, ce film fait partie des derniers poliziottesci, le genre étant déjà au bord de l’essoufflement…
Ce qui marquera l’esprit dans ce film, c’est avant tout l’incroyable déchainement de violence distillé tout au long : on frappe les femmes enceintes, kidnappe, tue les enfants… Les braquages sanglants s’enchaînent, on décapite les traîtres et castre les pédophiles… Une hyper-violence largement au-delà de la réalité comme l’avoue Caiano : « Il s’agit d’une invention cinématographique et de certains médias… » Ainsi, à l’époque (qui ressemble drôlement à la nôtre), le moindre fait divers prenait des dimensions extraordinaires, et les producteurs n’hésitaient pas à jouer avec les peurs du public et un certain sentiment « vigilante », réactionnaire…
Bien qu’il ne soit pas le meilleur représentant du genre, il faut bien avouer que Napoli spara remplit le cahier des charges allègrement. Il s’inscrit dans le cycle du néo-polar aussi par le personnage du commissaire Belli…crée par Castellari dans Le témoin à abattre. Sous le nom de Betti, Maurizio Merli reprendra le rôle dans Roma violenta, Italia a mano armata et Napoli violenta dont le film de Caiano est en quelque sorte la suite. On y retrouve un thème musical commun, le personnage du gamin Gennarino (Massimo Deda), le commissaire Belli bien sûr, Naples et rien qu’à voir les affiches originales… D’après les dires de Leonard Mann, Maurizio Merli devait d’ailleurs jouer dans le film, mais a finalement refusé semble-t-il pour ne pas partager l’affiche. Tant pis, Jeff Blynn, sosie de Merli fera l’affaire en chauffeur de taxi apprenti justicier !



Le bon, la brute et le gamin



Côté casting, notons, avec surprise, que Leonard Mann semble un poil plus à l’aise dans le polar que le western (vu dans Les pistoleros de l’Ave Maria, Ciak Mull…) où il était peu expressif… Sa prestation tient la route même s’il fait un peu trop propre sur lui pour jouer cet inspecteur Harry à l’italienne. Signalons qu’il réalisa la plupart des cascades lui-même. Le problème pour notre commissaire, c’est qu’il se fait ici piquer la vedette par Henry Silva, comme toujours impeccable quand il s’agit de jouer un personnage cynique, violent, infâme… Aussi bien prêt à tuer un enfant par plaisir que de laisser la vie sauve à un flic par loyauté, Santoro est un personnage qu’on aurait aimé voir davantage.
Adolfo Lastretti (Corbari, L’homme aux nerfs d’acier, Confessions d’un commissaire de police…), Ida Galli (L’emmurée vivante), Massimo Vanni (Keoma, Big Racket, Le témoin à abattre…), Tommaso Palladino et Enrico Maisto (tous deux aperçus dans La guerre des gangs), ou encore Omero Capanna (l’acolyte de Mario Adorf lors du prologue de Milan calibre 9) viennent compléter le casting. Difficile de ne pas revenir sur le petit Gennarino, joué par Massimo Deda. Imposé par les producteurs napolitains dans le but d’attendrir le public, le gosse est parfait dans son rôle, nous faisant quelque peu sourire dans un film prêtant peu à la rigolade…quoique ! En tout cas, le réalisateur en garde un mauvais souvenir, jugeant qu’on l’obligeait à faire du chantage aux larmes...
Enfin, comme bien souvent dans ce genre, la B.O. remplit parfaitement son rôle. Francesco De Masi (Deux croix pour un implacable) signe un score doux-amer très appréciable et qui reste longtemps en mémoire. Si ce Napoli spara n’est donc pas un fleuron du genre, il demeure très divertissant, notamment pour sa peinture de la cité napolitaine qui nous fera songer au très bon, et complétement oublié, Les tueurs à gages (Camora).
Lien vers la BO : https://www.youtube.com/playlist?list=PLy5kryT0xrJMlFetZfiHVdrgrhGVRAVaQ

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le 16 juin 2021

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