Dommage que Joseph H. Lewis n'ait pas pu obtenir plus de budget pour ce film, tant la réalisation et le scénario sont soignés.
Association criminelle nous offre en effet un superbe polar, avec tous les ingrédients nécessaires à un film noir de qualité. Richard Conte est impeccable dans son rôle de parrain mafieux sans pitié et Jean Wallace interprète parfaitement son rôle d'amante incapable de se sortir de ce milieu dans lequel elle est tombée par avidité. Cornel Wilde manque toutefois un peu de charisme pour rendre le Lieutenant de police Leonard Diamond tout à fait crédible dans sa quête tourmentée de recherche d'indices permettant de faire tomber le réseau criminel dirigé par Mr Brown. Le duo de gros bras chargé de la sale besogne pour le compte du parrain composé de Lee Van Cleef et Earl Holliman est assez caricatural mais tout de même efficace.
Tous ces légers défauts ne viennent pas gâcher l'enquête, qui se déroule à un rythme efficace. La crédibilité et la cohérence du scénario sont également à relever, ainsi que la psychologie des personnages relativement bien travaillée (Helen Walker, dans son rôle de première épouse de Mr Brown assignée à résidence par ce dernier mais incapable d'éprouver la moindre sollicitude pour Jean Wallace qui est pourtant dans la même situation d'emprisonnement, est en ce sens tout à fait représentative de la complexité des relations entre les différents protagonistes).
Difficile également de nier que le manque de budget est parfois visible, notamment lors des scènes d'intérieur au commissariat qui ressemblent presque à une série B. Pour autant, l'ingéniosité de Joseph H. Lewis nous permet d'assister à des scènes frappantes, que ce soit aussi bien la torture sonore du Lieutenant Diamond par Mr Brown, l'assassinat de Joe McClure, ou encore la scène finale qui nous montre que le réalisateur maîtrise parfaitement les jeux de lumière.
Il est également surprenant de constater que le film n'a pas subi la censure de l'époque quand on voit à quel point celui-ci est violent pour l'époque et suggère l'homosexualité du duo de malfrats Lee Van Cleef - Earl Holliman.