Quand Charlize Theron se prend pour John Wick !

Pendant que le réalisateur-cascadeur Chad Stahelski met en œuvre le second John Wick, David Leitch développe de son côté l'adaptation cinématographique du roman The Coldest City écrit par Antony Johnston, tout en développant une version féminisée de John Wick. Il faut savoir que ces deux professionnels ont collaboré ensemble pendant la réalisation du premier opus. En combinant leur savoir-faire technique et leurs expériences dans les cascades, les artistes ont donné naissance à un nouveau genre de film d'action, celui qui met en avant un héros qui exécute des techniques de combat rapproché irréprochables et qui dégomme un nombre de malotrus avec un simple pistolet dans une longue séquence carabinée.


Dans la réalisation Atomic Blonde, on est un peu dans ce cas-là sauf que le film a plus un contexte historique et d’espionnage, il n'était donc pas question de voir des scènes de combat aussi intenses et époustouflantes que celles du premier John Wick. Cependant, la production avait des atouts intéressants à exploiter, en particulier pour ce qui est de développer un univers honorable et respectable de l'espionnage. La production se déroule majoritairement à Berlin, la célèbre capitale de l'espionnage où de nombreux espions y circulaient pendant la période particulière de la Guerre Froide.


À cette époque, l'ambiance était assez tendue entre les entités internationales administratives ou gouvernementales, n'importe qui pouvait être indigne de confiance ou changer de camp. Rien que pour ce détail, les conditions étaient parfaites pour avoir une bonne base scénaristique d'espionnage, il fallait juste ajouter quelques bons ingrédients pour rendre le plat plus savoureux dans la bouche. Dès la première scène, la réalisation installe crescendo une ambiance sensiblement subversive, avec un bon morceau électronique ou genre pop.


Cela peu être déconcertant car les morceaux musicaux ne collent pas forcément à l'ambiance historique de la production mais la manière comment ils ont été appliqués est très subtile. C'est un côté artistique que j'ai très vite adhéré, surtout quand le cinéaste veut produire l'effet inverse de ce que l'on est censé ressentir à tel moment de la production, comme la scène où un malfrat bats à mort un individu malhonnête avec un skateboard, avec comme sauce d'accompagnement le morceau énergétique 99 Luftballons de Nena. C'est sûr, j'étais en train de découvrir quelque chose d'assez nouveau, voire même osé mais j'ai toujours aimé les nouvelles expériences.


Je ne cache pas que la présence de Charlize Theron dans le rôle principal était une grande source de motivation pour moi. Ce n'est pas une grande professionnelle des films d'action mais elle a bien prouvé ses talents physiques dans des rôles musclés comme L'impératrice Furiosa dans Mad Max: Fury Road ou la combattante redoutable Æon Flux. Dans cette production, elle est tout à fait surprenante. Ce n'est pas Keanu Reeves dans John Wick mais ça se rapproche pas mal, Charlize dézingue un bon nombre de nervis, elle en chie et met tout ce qu'elle a dans le ventre. Vu l'importance de son rôle, Charlize savait qu'elle devait se surpasser et elle le fait bien. Elle s'est entraînée au combat pendant plusieurs mois et même Keanu Reeves était même là pour lui apprendre certaines techniques de combat.


Les scènes d'action sont très bien foutues et dynamiques à souhait, on a même un super plan-séquence d'un combat collectif dans une cage d'escalier, avec l'actrice toujours au milieu des conflits et qui cherche à tout prix à se dépasser physiquement. Bien entendu, la beauté de la blonde plantureuse fait tout le charme de l'actrice, c'est une femme qui peut hypnotiser n'importe quel mec en adoptant n'importe quelle position dominatrice, tout en animant soigneusement une espionne redoutable avec son petit côté mystérieux et imprévisible.


Elle vole peut-être la vedette à tout le monde mais on note quelques bons rôles comme celui-ci de John Goodman dans la peau d'un agent américain avec un jeu d'acteur bien posé et également celui de James McAvoy, un grand habitué de rôles de mecs dérangés d'esprits ou de personnalités farfelues. Malgré tous les points positifs que je viens de mentionner, le film n'est pas une grande réussite dans l'ensemble, cela est dû à un scénario complexe et pas très habile dans la manière comment il est raconté. Il faut savoir que les films d'espionnage ont toujours été assez compliqués à comprendre. On suit un scénario, on développe des théories pendant le visionnage et au bout du compte, on se perd complément dans la masse d'informations qui encombre nos têtes, sans pouvoir trouver la moindre logique entre les détails scénaristiques.


J'ai déjà vécu ce genre de situation dans certains films comme La Taupe avec Gary Oldman dans le rôle principal, j'ai malheureusement ressenti la même chose devant cette production qui semble dépourvue d'une vraie trame principale scénaristique. D'autant que l’enchaînement des scènes est assez maladroit, on passe d'un personnage à un autre sans vraiment le temps de réfléchir à ce qu'il vient de se passer. J'aimerais bien comprendre l'utilité de certaines scènes comme celle où Charlize se retrouve sur un lit avec l'actrice Sophia Boutella pour la chauffer, j'ai l'impression d'avoir vu une sorte de publicité pornographique qui annonce la sortie d'un nouveau clip sexuel.


Au lieu de nous faire voir des sottises pareilles, il aurait été plus judicieux de travailler sur un scénario se concentrant plus sur la dimension politique de Berlin, c'était certainement plus cohérent à y aborder pour un film traitant l'espionnage comme celui-ci. Ce qui est aussi dérangeant dans cette production, c'est que le cinéaste joue beaucoup trop sur l'esthétique des décors de luxe avec les néons de toute couleur et l'ambiance chaude qui en règne pour faire basculer son public dans un univers qui ne sert finalement à rien, à part juste nous dire que Sophia est dans les environs.


Ce n'est peut-être pas grand-chose mais bon, ce sont des éléments négatifs qui se répètent souvent pendant le visionnage, malgré une reconstitution soignée de Berlin tel que la ville l'était pendant la Guerre Froide et d'une photographie prometteuse et sublime. Avec plus de consistance dans le scénario, la production aurait bien eu toutes ses chances d'émerveiller son public mais c'est loin d'être le cas, je suis resté sur ma faim à la fin du visionnage. 6/10



Dites-moi ! Qu'est que je dois faire pour prendre le thé avec la reine ?


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le 8 nov. 2020

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