#you too

Audition est un film de Takashi Miike. Cela signifie que le spectateur averti s'attend à la déferlante gore qui survient pourtant bien tard et constitue une surprenante rupture de ton. Parce que sans cette dernière demi-heure, Audition est un mélodrame sur la solitude des japonais, avec de beaux passages, mais qui ne serait pas transcendant, si les quelques inserts inquiétants distillés au long du film ne maintenaient l'attention du spectateur. Mais enfin, rien de honteux non plus, il y a de beaux passages, celui de l'audition du titre notamment, c'est un mimimum, et c'est bien joué.

Mais Audition est une adaptation d'un roman de Murakami Ryu, auteur trash dont j'étais tombé par hasard sur un livre, bien trop jeune, il faut dire que rien dans le résumé ne présageait de ce que serait la lecture. Et l'adaptation est de Takashi Miike : ce qui veut dire généralement que, dans le gore, on va aller loin. Et effectivement, la dernière partie il faut s'accrocher, elle est assez difficilement soutenable.

Ce producteur, personnage principal de l'histoire, il est plutôt attendrissant, mais son procédé pour trouver une nouvelle femme, c'est quand même assez peu défendable moralement. Or, la femme sur qui il va tomber va inverser les rôles. Ce ne sera pas une simple dénonciation, du genre auxquelles #me too nous a habitué. Non, elle, c'est carrément une psychopathe (pas tellement un spoiler, on le comprend très vite), et elle va montrer au producteur ce que c'est que d'être une victime. Et on peut dire qu'elle va assez loin.

Cette partie est assez étrange d'ailleurs, avec des choses qui ne seront pas tellement expliquées, des retours à une scène antérieure genre c'était un rêve, mais en fait non, ou en tout cas on ne sait pas trop. Bref, la narration, qui commence on ne peut plus traditionnellement, avec un beau violon jazzy pour soutenir l'intrigue, s'enfonce non seulement dans le gore, mais dans la bizarrerie la plus totale.

Au minimum, c'est intriguant.