Comme ça fait du bien de retrouver Jimmy, sa longue silhouette dégingandée, son regard clair, sa décontraction et son flegme apparents qui en font l'un de mes acteurs favoris des années 50!


Le voilà cette fois plus ou moins retiré des affaires, lui qui avait occupé la charge prestigieuse d'avocat général, réduit à traiter les dossiers litigieux de rares clients, au grand dam de son brave confrère, un bougon bienveillant porté sur la bouteille qui lui aussi eut un passé glorieux.


C'est pourtant Parnel McCarthy qui n'aura de cesse de pousser son "Paulo" à reprendre du service.
Paul Biegel tel est son nom, va donc se laisser faire, oubliant pour un temps ses parties de pêche et son cher piano jazz, couvé qui plus est par une secrétaire accorte pleine d'empathie et de sollicitude à son égard.


L'affaire : défendre un officier accusé d'avoir tué en lui tirant 5 balles de révolver l'homme coupable de viol sur la personne de sa femme, la jeune et affriolante Laura Mannion.


L'intérêt du film réside en fait dans ce huis-clos génial, un vrai tribunal, avec un juge de la partie, Joseph N. Welsh véritable avocat de Boston, qui orchestre, patelin et matois, le duel oratoire entre deux adversaires de taille, James Stewart pour la défense, George Scott pour l'accusation : la ruse contre la force, laquelle, ironie du sort, porte un nom léger et charmant: Claude Dancer qui laisse bien augurer du "ballet" que les deux hommes vont interpréter à la barre !


Un duel inoubliable où s'échangent coups et traits d'esprit, prétexte à une analyse minutieuse du procès qui va mettre en évidence la fragilité de la justice humaine et le pouvoir de manipulation de l'avocat et du procureur sur les jurés.


On en oublierait presque la recherche de la vérité, à savoir si Laura Mannion a bel et bien été violée par ce propriétaire du bar que la jeune femme, éprise de liberté, fréquentait à l'occasion.
Et que dire du mari, le lieutenant Frederik Mannion fou amoureux d'une femme-enfant ingénue et perverse : Lee Remick, sa blonde et ravissante tanagra qu'il ne se résout pas de savoir avilie et souillée.


Il a les traits virils du jeune Ben Gazzara qu'on découvre dans le second rôle de sa carrière : peu de dialogues mais que d'expression dans ses regards !


J'ai aimé ce film, ses personnages, si représentatifs d'une époque encore proche et pourtant si lointaine et cette atmosphère très jazzy baignée dans la musique de Duke Ellington qui fait d'ailleurs une brève apparition au piano pour un duo à quatre mains.
Une réalisation au cordeau dont le rythme ne se dément jamais et beaucoup de plaisir, que demander de plus ?

Aurea
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le 9 févr. 2012

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Aurea

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