Le film est beau, beaux effets, beaux décors, une planète idyllique. En fait, c'est un film plein de bonnes intentions - comme beaucoup de gros blockbusters américains. Mais c'est bien là le problème, à force de grossir les traits, il en devient la caricature.
La palme revient au personnage du colonel, à peine nuancé, totalement manichéen et bourrin. Mais il n'est pas le seul. Les personnages sont globalement très lisses ( à part celui de Sigourney Weawer à la rigueur). On a les gentils scientifiques écolos, les riches investisseurs cupides, les soldats bien bourrins et stupides. D'ailleurs, c'est assez cocasse de voir toutes ses caricatures alors que le film traite en parti des préjugés justement qu'on entretient à l'égard des autres. Préjugés entre le héros, ex-Marines et les scientifiques qui se chambrent mutuellement, préjugés envers les autochtones de la planète et vice-versa. Mais, précisément, le préjugé fondé sur les soldats bourrins est vrai, puisqu'ils le restent tout le long du film (sauf le héros, évidement). C'est donc un raté.
Ensuite, on pourrait se dire qu'il y a une belle idée. Le scénario est basique. Il oppose les sauvageons aux méchants colonisateurs. Ca fait un remake de Danses avec les Loups avec les thèmes écolos - d'un Myazaki. C'est tellement poussé dans cette idée que les Naavi se peinturlurent la figure comme les indiens avec les mêmes carquois. Comme tout les blockbusters du genre, on nous ressert le culte de la mythologie américaine, des cow-boys, et tout ce qui va avec. Parce que voilà le vrai hic du film : il pompe allègrement un peu partout et finalement n'invente pas grand chose - Ah si, le premier film 3D au cinéma, et donc la première nausée. En fait, y a une tonne d'hommage rendus à un tas de films dans ce film et on n'y comprends plus rien. Par exemple, film de SF, on prend une figure emblématique de la SF au cinéma, Sigourney Weawer. Le film croit innover mais il n'en est rien.
La morale du film est ce qui est probablement le plus terrible. C'est le bien contre le mal, les méchants hommes, idiots contre les pauvres autochtones. Non seulement ce regard est caricatural mais en plus il est condescendant. Le monde de Cameron est en tout cas simple. En témoignent les dialogues et les élucubrations pseudo-scientifiques sur ce monde nouveau. Même les références culturelles sont lourdes : Pandora. La boite de Pandore n'est-elle pas sensée contenir le fléau de l'humanité ? Du coup, je comprends pas pourquoi un tel nom pour cette planète alors qu'il correspond à une référence qu'on ne retrouve pas de fait dans le film. Mais oui, Pandora, sinon, c'est classe.
Mais alors pourquoi un 6 ? Parce que y a quand même des choses pas mal dans le film : l'imaginaire n'a rien de dément, mais il est très beau. L'animation des Naavi est très belle, leurs visages très bien rendus. La musique est sympa, quoique très (trop) hollywoodienne à certains moments. Et finalement, le film est bien foutu. Le genre de blockbuster qui casse pas des briques mais qui passe tout seul.
On peut dire qu'au final ce film est l'expression la plus pure de ce que sait faire Hollywood et même une caricature : efficacité de la réalisation, très beaux effets spéciaux, très belle immersion mais aussi une platitude morale et une réflexion sur l'objet filmique assez pauvre. C'est un peu un beau papier cadeau avec pas grand chose à l'intérieur. Forme : impeccable, fond : dégueulasse.