Des fois, j'ai l'impression d'être différent des autres, même si on a tous plus ou moins cette impression. Quand Avatar est sorti, je l'ai vu en salles, j'avais 17 ans. Je suis ressorti de la séance énervé, ce qui ne m'était jamais arrivé et ne m'arrivera plus jamais ensuite. Enervé de voir un produit aussi artificiellement calibré récolter autant de louanges et faire déplacer autant de monde. A l'époque beaucoup parlaient du plus grand film de tous les temps (!) ; heureusement depuis, l'évaluation a été un peu revue à la baisse, mais tout de même. Je me disais : "Mais c'est pas vrai, ils sont tous devenus fous ou quoi ?!"
Alors certes, ce n'est que mon avis. Mais Avatar c'est quoi? Un bad boy beau gosse qui n'en fait qu'à sa tête (check), un peuple opprimé contre de méchants capitalistes (check), un méchant taré sans aucune nuance (check), des personnages dont l'appartenance au camp du bien ou du mal est bien affirmée dès le début, pour ne pas perdre le spectateur (check), le bad boy beau gosse qui passe dans l'autre camp, celui des gentils, parce qu'en plus d'être un bad boy beau gosse, il a du coeur (check), il séduit la fille du chef bien sûr (check), il est accepté comme l'un des leurs, et bien sûr devient lui-même le leader (check). Et bien sûr, à la fin, les gentils gagnent (check)... Avec en plus cette petite rengaine persistante des films américains depuis 100 ans, qui consiste à présenter une tribu non-Blanche comme ayant forcément besoin d'un Blanc pour les diriger et les faire triompher. Pourquoi avoir besoin de faire ça ?... Pour que leur combat devienne en quelque sorte un peu celui des Blancs aussi ?...
Franchement, le film a beau avoir des effets spéciaux grandioses, est-ce vraiment suffisant pour en faire un grand spectacle ? Un de mes amis a commencé à me parler de la profondeur du monde de Pandora, l'attention portée aux détails, les cheveux des Na'vi qui s'imbriquent avec les créatures pour se connecter neurologiquement (avec en prime les animaux qui d'un coup s'allient aux Na'vis à la toute fin, comme dans un médiocre dessin animé pour enfants), etc.. Mais attendez, quel intérêt de travailler autant les détails alors que le scénario est un ramassis de clichés vus et revus depuis 50 ans ? C'est une complexité parfaitement artificielle : on veut faire croire au spectateur qu'il regarde quelque chose de profond tout en le laissant, en réalité, bien installé dans sa petite zone de confort.
Bref, c'est un produit commercial conçu pour attirer les foules et ne surtout rien apporter de nouveau au cinéma. Alors certes, bravo à James Cameron qui, depuis Titanic, semble avoir trouvé la recette pour créer des blockbusters au succès tonitruant (beaucoup en ont rêvé). Tout cela vient confirmer que succès commercial rime rarement avec qualité, en encore moins originalité.