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Ballad of a Small Player ressemble à son héros : élégant, mélancolique, mais creux sous la surface.

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La nuit à Macao a ce parfum doux-amer de poussière et de parfum cher. L’air colle, saturé de fumée et de fortune perdue. Dans Ballad of a Small Player, Edward Berger filme la chute lente d’un homme comme une élégie noyée dans le néon. Colin Farrell erre, costume froissé, regard en cendres. Lord Doyle, joueur en cavale, traîne sa désinvolture de dandy ruiné dans les couloirs dorés des casinos — temples sans dieux, où le hasard s’imite lui-même. On est d’abord saisi. Par la lumière, d’abord : ces halos bleu pétrole qui avalent les visages, ces reflets tremblés sur les vitres, ce grain humide qui colle aux corps. Par la mise en scène ensuite : précise, presque hypnotique. Berger compose des plans comme des prières muettes, où chaque geste — un dé, une cigarette, un regard — semble un dernier aveu. On admire cette rigueur, cette lenteur assumée, cette beauté qui pèse. Mais très vite, le vertige s’éteint. Sous l’élégance, le vide. L’histoire ne progresse pas : elle tourne, étourdie, comme une roulette qui ne s’arrête jamais. La rencontre avec Dao Ming (Fala Chen), spectre bienveillant ou illusion, n’apporte pas la rédemption promise. Elle n’est qu’un mirage de plus — un sourire entre deux ombres. Le film, trop occupé à se contempler, oublie de respirer. Les sons eux-mêmes — bruissement des billets, cliquetis des jetons, soupir du vent marin — semblent enregistrés dans un bocal. Tout y est lent, feutré, étouffé. Même la douleur paraît mise en scène, vernie, désinfectée. Berger cherche la mélancolie, mais trouve l’esthétisme. Le drame devient décoration, la solitude un luxe. Pourtant, impossible de nier la beauté du geste. Certaines images — un rideau qui s’ouvre sur la mer, un regard dans le miroir, un plan fixe sur une main qui tremble — ont la grâce des films perdus. Farrell, épuisé, incandescent de retenue, sauve ce qu’il peut : un fragment d’humanité dans un décor de verre. Ballad of a Small Player ressemble à son héros : élégant, mélancolique, mais creux sous la surface. Un film qui voulait parler du destin et ne montre que le décor du désastre. Reste la lumière — et ce goût amer, persistant, de cendre et de menthe froide. Note : 6 / 20


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Le-General
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il y a 6 jours

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