Ah ! Les successions familiales, quelle aventure !

Belles Familles marque le retour, aprés 12 ans d'absence, d’un grand monsieur du cinéma français, Jean Paul Rappeneau. Si on connait le réalisateur français pour ses très bons films historiques ("Un hussard sur le toit" et le Cyrano avec le grand Gégé), on oublie assez souvent qu’il est l’auteur de comédies profondes mais surtout énergiques et divertissantes ("Le sauvage","La vie de château"). Ces dernières se caractérisent souvent par des portes qui claquent, des dialogues qui fusent comme des balles de ping-pong, des rebondissements et quiproquos en cascade, des héroïnes libérées, des héros qui ne sont pas dénués de courage, le tout raconté avec un style romanesque flamboyant et ponctué de moments de tendresse, de mélancolie légère ou de nostalgie en guise de temps mort. Bon, maintenant que je vous ai dit à quoi vous attendre, il faut bien que je vous dise de quoi le film parle.


L’histoire est celle de Jérôme Varenne, un homme d’affaires ayant monté sa boite à Shanghai, qui se rend à un rendez-vous important à Londres, avec sa fiancée et associé, Chen-Lin. Il décide, juste avant, de faire un détour par Paris pour rendre visite sa famille qu’il n’avait plus vue depuis des années. A cette occasion, Il apprend que la maison de famille d’Ambray, où il a grandi, est au cœur d’un conflit local. Il décide de se rendre sur place pour le résoudre, vite fait, bien fait. Sauf que la tâche va s’avérée bien plus compliquée que prévu.


Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins, le film m’a extrêmement déçu. Déjà, j’attendais beaucoup de ce film, à tel point que j’avais pris toutes les rumeurs pré-festival de Cannes qui le voyaient comme le film d’ouverture, pour argent comptant. De plus, je pensais qu’il deviendrait un classique instantané de la comédie française. Mais surtout, le résultat final n’est vraiment pas terrible.


Qu’est ce qui cloche ? Le scénario. Globalement, c’est du bon boulevard qui traite son sujet (les liens familiaux) avec un poil de profondeur et un équilibre assez habile entre rire et émotion, mais il s’avère être assez éculé et n’offre aucune surprise. A tel point, qu’on peut anticiper tous les rebondissements, au moins une vingtaine de minutes à l’avance, ainsi que les trajectoires des personnages, qui s’avèrent parfois clichés. Le fils prodigue, éloigné de sa famille suite à une dispute avec son père, revient dans la ville de son enfance après sa mort de ce dernier et là il va remettre en question sa vie ainsi que le jugement qu’il portait sur son père. On a dû le voir au moins une cinquantaine de fois entre le cinéma et la littérature. Et ce n’est qu’un exemple, parmi tant d’autres qui sont présents dans le film.


Après, la patte romanesque de Rappeneau, qui s’avère aujourd’hui assez kitch (musique classique et parfois chevaleresque, plans iconiques), n’est pas déplaisante (si on veut bien y adhérer) car chacun de ses effets colle assez bien à l’histoire et fonctionne assez bien. Malgré de grosses longueurs due au fait que le film met 30 min à démarrer, Il est force de constater que le cinéaste français a toujours son sens du rythme bien dosé, notamment dans 30 dernières (et folles) minutes où la machine s’emballe pour notre plus grand (et peut être seul) plaisir.


Et le casting, mis à part un Guillaume de Tonquédec trop théâtral et un Mathieu Almaric trop proche de ses rôles habituels pour vraiment séduire, offre un Gilles Lellouche parfait dans le rôle d’un agent immobilier macho mais au grand cœur, un très bon André Dussollier en maire fantasque, une convaincante Nicole Garcia dans son rôle de mère délaissée et Karin Viard assez délirante et touchante en maitresse attachante. Pour autant, ils sont tous éclipsés par le talent de Marine Vacht, qui arrive à faire vivre la liberté, l’audace et le charme du personnage de Louise. Cette derniere se place aux cotés des plus beaux portraits de femmes qu’a façonné (ou mis en image car Cyrano est une adaptation) le cinéaste français et qui ont été interprétées par de grandes actrices comme Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Juliette Binoche ou encore Anne Brochet.


Rien que pour cette raison je ne peux pas dire que le film est mauvais mais si le romanesque ne vous rebute pas et que vous voulez découvrir l’œuvre de Rappeneau, je conseillerai plutôt de voir Cyrano de Bergerac, Le Sauvage ou encore La vie de Château


(Critique issue de : http://cinematogrill.e-monsite.com/articles/les-deceptions-du-grill/belles-familles.html#11p7q00LkDoP3ofY.99)

Max_Decerier
5
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le 27 oct. 2015

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