Bellflower est le premier long-métrage de l'américain Evan Glodell qui y interprète le rôle principal, celui de Woodrow, sorte d'adolescent attardé qui, en compagnie de son meilleur pote Aiden, n'envisage désormais l'avenir que par la survenue de l'apocalypse et bricole à cet effet un lance-flammes surpuissant censé leur garantir de sauver leur peau et d'anéantir l'ennemi. Entre deux sorties copieusement arrosées, le duo de branleurs met au point l'arme de destruction massive en toute quiétude jusqu'au jour où Woodrow rencontre une fille. Le projet va dès lors connaître bien des aléas.

Précédé de sa petite réputation de film culte en devenir, Bellflower ne s'avère pourtant qu'une baudruche prompte à se dégonfler et à mettre au grand jour les affèteries de sa mise en scène à l'esthétique particulièrement toc et plutôt laide. Tout cela pue le produit préfabriqué et formaté en direction d'un public jeune qu'on imagine sans peine décervelé et comblé par la vie bête et larvaire de ses deux héros stupides, escogriffes plus naïfs que méchants, persuadés de porter avec flamboyance un nihilisme qui hélas confine surtout à une complète et consternante vacuité – le niveau des conversations entre les différents protagonistes, garçons comme filles, en attestant. Recourant sans cesse aux couleurs saturées et aux angles incongrus de prises de vues, soignant une bande originale très tendance, le film ressemble de plus en plus à un long clip publicitaire pour une marque de baskets ou de jeans adulée des ados. Histoire de pimenter l'ensemble, le réalisateur, également scénariste et producteur, le saupoudre de quelques scènes légèrement sexuelles et d'autres à la violence trash sous-jacente, avec force hémoglobine sans omettre la symbolique appuyée du feu, destructeur puis purificateur. Oserons-nous dire à Evan Glodell qu'il ne suffit pas d'inverser ou de chambouler les cadres, de salir ou de vieillir le grain de la photo à coups de filtres pour composer une œuvre forte et originale, dont on est à peu près certains d'en avoir vu des dizaines de copies. Ces films prétentieux et vains, taillés pour Sundance ou d'autres festivals, ostentatoires et vides, ennuient et découragent de plus en plus. À fuir.
PatrickBraganti
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le 21 mars 2012

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