Canard à l'orange... amère
Black Swan m'a fait un peu le même effet que Drive. Sauf que les instants de calme étaient moins soporifiques et ceux, à l'inverse, de "violence" étaient moins brutaux (et gratuits). Bref, ça n'a rien à voir (et c'est sûrement pour ça que la note est différente).
Parce que Black Swan est un film qui me dérange. Quasiment toutes les scènes où la psychose de Nina se libère m'ont donné la nausée - et plus particulièrement les séances d'automutilation. Je suis d'ailleurs sortie du cinéma avec toujours en tête cette image où elle s'arrache la peau des doigts à s'en faire saigner. Or, quand je regarde un film, je ne cherche pas à me rendre malade. L'équilibre est cependant subtil entre un film "coup de poing" agréable et un autre désagréable.
L'idéal serait que je vous cite des exemples de films qui, quoique remettant les idées en place, ne laissent pas un arrière goût de bile dans la bouche. Dans les plus récents, je pourrais citer : Blood Diamond ou Mensonges d'Etat. En plus ancien, il y a : Requiem for a Dream (qui vous scotche quand même, hagard, sur votre fauteuil pendant un certain temps) ou La Ligne Verte. Il y en a sûrement d'autres et, peut-être que ces films vous ont fait bailler mais, à titre personnel, ils m'ont chacun donné une claque lors du premier visionnage sans pour autant me dégoûter à vie de le revoir. Et c'est là que Black Swan a échoué.
Pourtant, les acteurs sont excellents. Natalie Portman est aussi douée pour jouer l'innocente en détresse que la névrosée au sommet de son art. Vincent Cassel est pédant à souhait, parfait en provocateur hautain et manipulateur. Mila Kunis également, en électron libre épicurien. La réalisation est très bonne aussi puisqu'elle évite l'écueil de nous faire sombrer dans la léthargie pendant les scènes de répétition, qui prennent au demeurant une grande part du film. Et que dire de la musique (de Tchaïkovski et de Mansel) qui alterne entre douce balade et montagnes russes, accompagnant à merveille cette virulente plongée dans la folie.
Peut-être que je suis trop sensible - ou pas assez pour voir toute la puissance émotionnelle de ce film - mais, Black Swan perd tous ses points sur ces scènes de délire mental glauques au possible, vous obligeant à détourner le regard.