La révolution a eu lieu, mais le système qui en était la cible a tenu bon et pire : s’en trouve renforcé, revêtu maintenant de cet habit de la révolte avec lequel il se déguise, et qui lui permettra de faire passer son despotisme persistant pour du changement. « Née dans les flammes », cette société post-révolutionnaire dans laquelle nous plonge le film ressemble plus à l’avènement d’une dictature qu’au paradis des peuples libres, à un après comme un recul plutôt que comme une avancée. Capitaliste et patriarcal, le système le reste. Et c’est surtout sur la lutte contre le second de ces fléaux (qui sont bien sûr liés) que se concentre l’histoire.
Car si ce nouveau monde fait tout pour s’afficher plus vertueux que l’ancien, les femmes y sont tout de même forcées d’organiser leurs propres brigades pour protéger dans les rues leurs consœurs qu’agressent toujours autant des hommes toujours si peu punis. Et quand il veut s’afficher plus égalitaire et progressiste, c’est en proposant aux femmes de leur verser un « salaire ménager » que le nouveau monde fait mine de commisération, en profitant dans sa bonté pour leur rappeler où est leur place…
« De la poudre aux yeux ! », s’exclame l’une des activistes les plus décidées. « On nous fait croire qu’on doit combattre des choses qui ne sont pas des menaces ! », renchérit-elle, touchant ainsi au cœur de l’imposture, du simulacre et du renversement de valeurs auquel s’adonne en toute impudence l’Etat pernicieux.
De la science-fiction ? Non… Tourné dans le New-York des années 80, caméra au poing (levé), le film de Lizzie Borden tient plus du documentaire, du film de propagande pour la lutte armée… Film « guérilla », presque, pour lequel l’urgence du message passe avant tout. Et si celui-ci est clair, la solution qu’elle propose quant au constat d’un système qui brouille les pistes l’est tout autant : utiliser la « poudre » qu’il nous jette aux yeux pour la lui faire exploser au visage…