C'est un film assez incroyable, avec un scénario qui part d'un postulat génialement simple pour devenir de plus en plus profond. On commence comme une comédie de mœurs insouciante, très nouvelle vague dans sa narration relâchée, avant de glisser doucement dans l'abstraction pour finir dans le drame psychologique existentialiste. C'est menée et racontée de main de maître par Ferreri qui effectue sa progression subtilement pour une obsession à la fois insaisissable et totalement compréhensible. Comme dans la grande bouffe, c'est une sort de parabole sur une certaine aliénation de la société de consommation où le point de rupture du ballon renvoie à celui du personnage de Marcello Mastroianni, homme d'affaire très à cheval sur le rendement et la productivité. L'humour un peu loufoque laisse est remplacé au fur et à mesure par un malaise grandissant, inquiétant et dérangeant.


Avec un tel concept, le film connut une vie très compliquée. Effrayé par le premier montage, le producteur Carlo Ponti bloqua l'exploitation avant de le remonter pour en constituer un segment d'une vingtaine de minutes pour le film à sketch Aujourd'hui, demain et après-demain. Face aux bons retours de la partie Ferreri, il débloqua finalement une nouvelle somme pour que le cinéaste tourne de nouvelles séquences (en couleurs !). Mais cette seconde version ne satisfit toujours pas le producteur qui condamna le film a une distribution confidentielle avant de laisser les droits à la MGM et donc chez Warner une fois le studio vendu. Il a donc fallut attendre l'an dernier pour que le film puisse être restaure.
La vingtaine de minutes en couleurs issues du deuxième tournage est pas mal, il fluidifie le virage maladif de Mastroianni mais n’évite pas quelques répetitions qui font un peu retomber l’équilibre d'une narration très affûtée tout en faisant des concessions à un esthétisme pop très vogue à l'époque (excellente BO au passage).


En tout cas, il faut désormais espérer que Break Up trouve une nouvelle exploitation et enfin son public d'autant que Mastroianni livre l'une de ses meilleures prestations.

anthonyplu
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le 13 mars 2017

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