Un buffet surréaliste et cynique, aux dialogues ciselés.
Buffet Froid est un petit bijou surréaliste. On se croirait dans une pièce de Beckett ou Ionesco.
Le titre est tout à fait approprié. D'abord dans les décors : des tours de cité aux couloirs de métro en passant par des pavillons de banlieue sinistres, Bertrand Blier sublime ces anti-décors comme personne. Ensuite dans le ton des personnages : chacun a des réactions totalement anormales, empreintes d'une distance cynique sans faille qui pique notre intérêt. Ainsi après une scène d'intro délicieusement absurde, Alphonse (Depardieu) se lie d'amitié avec un commissaire de police véreux (Blier) puis avec un petit assassin de nuit (Carmet). S'en suit des alliances contre nature, des réactions anormales, et un enchaînement de scènes toutes plus nonsensiques les unes que les autres, liées par le fil rouge de la déshumanisation citadine, et par la désacralisation de la mort, qui se pose ici à chaque fois, presque en gag.
Ceci est renforcé par une certaine théâtralité forcée du jeu et surtout par une foison de répliques ciselées. L'écriture est parfaite !
Et quand la glaciale Carole Bouquet met un point final à cet étrange parcours, on se dit que ce buffet fielleux est un régal valant d'être englouti !