L'année précédente, George Miller lançait la mode du post-apocalyptique avec son "Mad Max 2". Copié par de très nombreux opportunistes, contents de pouvoir produire de la SF avec quelques guignols en moto dans des carrières. Stephen Sayadian a le mérite de partir dans une direction beaucoup plus bizarre : suite à une guerre nucléaire, 99% de la population est dite négative, incapable de se rapprocher physiquement des autres sous peine de tomber immédiatement malade.
Les 1% restant, dits positifs, sont contraints tels des gladiateurs à performer des actes sexuels sur scène, dans des clubs, pour le plaisir voyeuriste des négatifs.
Soyez prévenus, bien qu'il existe une version non explicite, "Café Flesh" reste un film pornographique plutôt qu'une oeuvre de SF. Mais il se détache complètement du genre pour adulte. Pour preuve, le film a réussi à s'établir une notoriété de porno artistique, alors qu'à l'époque l'Âge d'Or du genre était terminé. Balayé par l'arrivée de la vidéo et du SIDA.
Ici, bien qu'étant au coeur du scénarios, les scènes de sexe sont en fait relativement courtes. Stephen Sayadian préfère insister sur le rapport entre celles-ci et les voyeurs qui fréquentent le Café Flesh pour mater les corps en union.
Son introduction tient d'ailleurs de la mise en abyme, un présentateur s'adressant à ses spectateurs en rappelant leur condition misérable : un peu la même que celle de spectateurs d'un film X, incapables de toucher ce qui se passe à l'écran, et généralement sans partenaire à ce moment !
Outre cette référence méta au monde du spectacle pour adulte, le film a ainsi la particularité d'aborder la frustration sexuelle, choix inhabituel pour un film X. Par contre, je n'irai pas jusqu'à interpréter cette histoire de positifs/négatifs comme métaphore du VIH/SIDA, la maladie était encore mal connue à ce moment.
A côté, la mise en scène des passage de fesse, façon cabaret futuriste dérangé, vaut le détour. Etrange BO électroniques, costumes improbables, chorégraphies de figurants... ou de membres. C'est un petit festival.
Le problème, c'est le reste. Le couple de négatifs que l'on suit ne va pas bien loin, sauf dans les dernières minutes. Et c'est même toute l'intrigue qui piétine. On sent que Stephen Sayadian a du mal à porter son concept passé l'introduction. Il aurait fallu limiter l'ensemble à un moyen métrage (ce qu'il est presque déjà avec seulement 1h13 au compteur). Ou doper l'écriture.
Avec en prime des acteurs pas franchement très bons, qui optent pour un espèce de jeu blasé et monotone. C'est intriguant au départ et puis ça lasse vite.