Capricorn One est des plus alléchant sur le papier. Son sujet est indéniablement d’actualité, alors que les dernières années ont vu des théories complotistes ressurgir de derrière les fagots, comme autant de platistes qui n’ont pas fini de tourner en rond. Une œuvre qui est le fruit d’une époque où tout ce qui passait à la télévision était pris pour argent comptant par une génération n’ayant pas encore pris ses repères avec le médium, tandis que le scandale du Watergate venait semer le doute dans la pensée collective.
A ce titre, le film de Peter Hyams s’inscrit dans la grande mouvance des thrillers paranoïaques façon The Parallax View, All the President’s Men ou autres Three Days of the Condor. Il est donc logique qu’il soit à charge contre nos dirigeants, mettant en avant le cynisme de l’organique étatique qui n’hésite pas à propager des infox ou à tuer, sans bénéfice autre que de garder la face (les 24 milliards de dollars du projet interplanétaire étant perdus dans tous les cas). Un peu à la manière de l’ingérence américaine présentée dans le Salvador de Oliver Stone, refusant de présenter un nouveau Vietnam à l'œil du public.
Ce cynisme s’accompagne d’un illusionnement total qui ferait de la conquête spatiale une fin en soi, décorrélée des avancées scientifiques qui lui sont attachées et permettrait d’améliorer la vie sur Terre. Comment justifier cette dépense sèche sans ramener quoi que ce soit au bercail? Réaliser Mars dans ces conditions, c’est divertir l’attention des réels enjeux humains qui se trament en se concentrant sur une utopie science-fictionnelle qui ne peut en aucun cas être prioritaire. C’est laisser à des Musk ou des Bezos l’opportunité de saigner notre planète et ses habitants dans leurs élans mégalos ne visant qu’à forger plus avant leur figure de génie salvateur.
Malheureusement, la partie conspirationniste est largement reléguée au second plan pour laisser place à un film de traque au rythme assez hasardeux, alternant l’enquête d’Elliot Gould à la ville (la partie la plus intéressante) avec une traversée du désert par l’équipage de James Brolin beaucoup plus léthargique.
En résulte un film quelque peu longuet sur ses scènes d’action, malgré leur réussite formelle et le spectacle aérien final. Une marque de fabrique chez Hyams qui, ici, dans Outland, ou Narrow Margin, semble toujours étirer ses séquences les plus impressionnantes jusqu’au trop plein, au détriment de l'intrigue elle-même.
Un dommageable contrebalancé par des dialogues aussi incisifs que drôles, qui voient chaque échange se transformer en véritable joute verbale, et par l’excellente idée de faire du désert texan une planète Mars où appliquer les règles de survie en milieu hostile.
Peter Hyams continue de m’intéresser, mais n’a pour l’instant pas réussi à me fasciner. Le jour où je m'attellerais à 2010: The Year We Make Contact, j’espère passer ce cap.