Capricorn One
6.8
Capricorn One

Film de Peter Hyams (1977)

Voir le film

Capricorn One est des plus alléchant sur le papier. Son sujet est indéniablement d’actualité, alors que les dernières années ont vu des théories complotistes ressurgir de derrière les fagots, comme autant de platistes qui n’ont pas fini de tourner en rond. Une œuvre qui est le fruit d’une époque où tout ce qui passait à la télévision était pris pour argent comptant par une génération n’ayant pas encore pris ses repères avec le médium, tandis que le scandale du Watergate venait semer le doute dans la pensée collective.


A ce titre, le film de Peter Hyams s’inscrit dans la grande mouvance des thrillers paranoïaques façon The Parallax View, All the President’s Men ou autres Three Days of the Condor. Il est donc logique qu’il soit à charge contre nos dirigeants, mettant en avant le cynisme de l’organique étatique qui n’hésite pas à propager des infox ou à tuer, sans bénéfice autre que de garder la face (les 24 milliards de dollars du projet interplanétaire étant perdus dans tous les cas). Un peu à la manière de l’ingérence américaine présentée dans le Salvador de Oliver Stone, refusant de présenter un nouveau Vietnam à l'œil du public.


Ce cynisme s’accompagne d’un illusionnement total qui ferait de la conquête spatiale une fin en soi, décorrélée des avancées scientifiques qui lui sont attachées et permettrait d’améliorer la vie sur Terre. Comment justifier cette dépense sèche sans ramener quoi que ce soit au bercail? Réaliser Mars dans ces conditions, c’est divertir l’attention des réels enjeux humains qui se trament en se concentrant sur une utopie science-fictionnelle qui ne peut en aucun cas être prioritaire. C’est laisser à des Musk ou des Bezos l’opportunité de saigner notre planète et ses habitants dans leurs élans mégalos ne visant qu’à forger plus avant leur figure de génie salvateur.


Malheureusement, la partie conspirationniste est largement reléguée au second plan pour laisser place à un film de traque au rythme assez hasardeux, alternant l’enquête d’Elliot Gould à la ville (la partie la plus intéressante) avec une traversée du désert par l’équipage de James Brolin beaucoup plus léthargique.

En résulte un film quelque peu longuet sur ses scènes d’action, malgré leur réussite formelle et le spectacle aérien final. Une marque de fabrique chez Hyams qui, ici, dans Outland, ou Narrow Margin, semble toujours étirer ses séquences les plus impressionnantes jusqu’au trop plein, au détriment de l'intrigue elle-même.

Un dommageable contrebalancé par des dialogues aussi incisifs que drôles, qui voient chaque échange se transformer en véritable joute verbale, et par l’excellente idée de faire du désert texan une planète Mars où appliquer les règles de survie en milieu hostile.


Peter Hyams continue de m’intéresser, mais n’a pour l’instant pas réussi à me fasciner. Le jour où je m'attellerais à 2010: The Year We Make Contact, j’espère passer ce cap.



Créée

le 24 août 2025

Critique lue 4 fois

Frakkazak

Écrit par

Critique lue 4 fois

D'autres avis sur Capricorn One

Capricorn One
Ugly
8

Supercherie martienne

Le sujet peut interpeller et surprendre puisqu'il s'agit de reconstituer un voyage bidon sur Mars filmé dans un décor lunaire factice pour la télévision, en studio. La supercherie ne doit évidemment...

Par

le 17 oct. 2016

21 j'aime

8

Capricorn One
doc_ki
10

Oh non Mamars, oh non Mamars..une tuerie de dingue de taré

Bonjour et bienvenue sur ma critique rapide de capricorn one, le film où mars est une illusion d'optique les points positifs : un scénario titanesque une réalisation somptueuse une musique...

le 12 août 2020

18 j'aime

16

Capricorn One
Dagrey_Le-feu-follet
8

"On nous cache tout, on nous dit rien..." (Dutronc/Lanzmann)

Quelques minutes avant le départ d'un vol habité à destination de la planète Mars, les trois astronautes présents dans la fusée sont évacués. Ce vol est une question de prestige pour la NASA et un...

le 27 avr. 2020

16 j'aime

5

Du même critique

KPop Demon Hunters
Frakkazak
4

Into the Consumerverse

Je dois admettre qu’au vu de l’affiche et du titre, il y avait peu de chances pour que je sois le public. Mais à y regarder de plus près, à y voir Sony Pictures Animation et des premiers retours...

le 26 juin 2025

34 j'aime

8

Assassin's Creed: Mirage
Frakkazak
4

Mi-rage, mi-désespoir, pleine vieillesse et ennui

Alors qu’à chaque nouvelle itération de la formule qui trône comme l’une des plus rentables pour la firme française depuis déjà quinze ans (c’est même rappelé en lançant le jeu, Ubisoft se la jouant...

le 10 oct. 2023

22 j'aime

Captain America: Brave New World
Frakkazak
2

Mou, Moche et Puant

Il était couru d’avance que Brave New World serait une daube. De par la superhero fatigue qu’a instauré la firme de Mickey par l’amoncellement de produits formaté sur les dix-sept dernières années...

le 10 mars 2025

20 j'aime

7