Après quatre ans d'absence, James Bond revient pour un changement radical. Reboot oblige, on change donc d'acteur, de chronologie, de personnages voire même d'univers. Et ce retour aux sources, quelque peu déstabilisant pour les fans hardcore de la saga, est pourtant du plus bel effet : exit Q et les gadgets improbables, exit Miss Moneypenny et l'éternelle romance platonique avec l'agent britannique, exit les méchants soucieux de gouverner le monde...


On revient ici à un style brutal, violent, réaliste. Basé sur le tout premier roman imaginé par Ian Fleming himself, Casino Royale est tout ce qui manquait à notre espion favori... Non dépourvu de séquences d'action nombreuses et palpitantes, elles sont désormais toutefois moins caricaturales tout en restant comme il se doit explosives (la haletante course-poursuite pédestre à travers les rues de Madagascar peut en témoigner).


L'humour est ici subtil, bien présent à travers une série de dialogues savoureux où le flegme anglais se mêle à des situations parfois cocasses. Mais le plus surprenant reste de voir comment les personnages sont travaillés, comment leur psychologie est élaborée. À travers cela, nous avons droit à une interprétation irréprochable... Daniel Craig s'en sort très bien en nouveau Bond, charisme et présence à l'appui. Eva Green demeure quant à elle LA James Bond Girl par excellence : froide, intelligente, sexy sans être vulgaire mais surtout pourvue d'une classe incommensurable.


Dans la peau du méchant de service, le glacial Mads Mikkelsen devient un bad guy mémorable à la fois détestable et sympathique faisant clairement oublier les précédents ridicules vilains mégalomanes. Se joignent également au casting le discret Jeffrey Wright, l'excellent Giancarlo Giannini ainsi que le retour de Judi Dench dans la peau de M, un retour mitigé malgré le talent de l'actrice, le rôle faisant malgré lui un lien direct avec la précédente saga...


Le scénario est, lui, complexe, bien écrit et fidèle au roman avec une élégante retranscription dans les années 2000 où l'on ressent parfaitement l'évolution de Bond tout au long du film, le fait qu'il n'est pas le même homme qu'il était au début quand le générique final tombe. Le personnage se construit donc, et c'est une très bonne surprise, amenant un réel coup de fouet à la franchise. Bref, tout en négligeant pas son côté assumé de blockbuster d'action explosif, Casino Royale demeure un excellent James Bond bien parti pour relancer une saga un peu trop tombée dans les méandres du cinéma d'action hollywoodien et, surtout, dans la routine.

Créée

le 24 avr. 2019

Critique lue 366 fois

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