Ah Paris, son trafic incessant, ses crimes, ses incivilités, ses clodos qui embaument l’air du métro, ses rats qui grouillent et ses cinémas UGC envahi de punaises de lit… C’est bien le genre de campagne promo qu’aurait préféré s’épargner Anne Hidalgo, à l’approche des prochains JO. Et ce n’est certainement pas As above, so Below alias Catacombes qui ira relever le niveau et rendre la capitale plus respectable. Cet ossuaire qui figure parmi les lieux insolites les plus populaires à visiter n’en reste pas moins dangereux pour qui tente de sortir des sentiers balisé puisque ces galeries souterraines ornés des ossements de plusieurs millions d’êtres humains sont fréquemment empruntés par des explorateurs urbains qui s’y égarent et n’en reviennent jamais. Le choix de porter l’intrigue d’un film d’horreur au plein cœur de cette souricière peut paraître assez saugrenu à première vue, d’autant que comme ses congénères du found footage, celui-ci n’échappe pas aux traditionnels clichés rebattus. Une équipe de spéléo emmené par une archéologue cherchent à mettre la main sur la pierre philosophale de Nicolas Flamel, celle-là même qu’avait tentait de s’emparer Voldemort dans Harry Potter à l’école des sorciers. De son ouverture dans une grotte en Iran aux artères de la ville Francilienne, le récit prend la forme d’une aventure ponctués de phases d’exploration et d’énigmes à la difficulté un peu plus retorse que dans un Resident Evil, et qui les feront descendre jusqu’aux portes de l’enfer. Rien que ça.


Si vous n’êtes pas lassés des jump-scare opportuniste, et que les secousses de caméra ne vous donnent pas le tournis, vous pourriez réellement apprécier ce found footage en plus de ce qu’il pourvoit en manifestations surnaturelles, esprits malveillants et messes noires. Il faut dire que John Erik Dowdle n’est pas à son coup d’essai dans le milieu, on lui doit notamment le remake dispensable de Rec (En Quarantaine), le huis-clos démoniaque Devil qui se déroulait entièrement dans une cage d’ascenseur, mais surtout le faux documentaire The Poughkeepsie Tapes qui avait mis tout de même 12 ans à trouver un distributeur en raison de son caractère sensible. Catacombes tire en grande partie sa force de son format puisque l’effet de claustration suscité dans les espaces confinés s’avère particulièrement éprouvant d’autant que l’atmosphère se fera de plus en plus mortifère à mesure de leur enfoncement dans les ténèbres. La topographie du lieu permet habilement de nous désorienter et brouiller les repères qui finiront de toute manière par s’inverser lorsque les protagonistes franchiront l’ultime frontière avec notre réalité. Le réalisateur sait parfaitement exploiter son décor anxiogène auquel il insuffle des effets sonores terrifiant grâce à une résonance émanent souvent de l’obscurité, ce qui ne fera que renforcer le sentiment d’effroi et d’insécurité ambiant. D’ailleurs, la production peut se targuer d’avoir été tournée dans les sous-sols parisiens avec notre François Civil national par mesure d’authenticité.


Evidemment la peur sera graduelle selon la sensibilité de chacun mais le fait qu’il faudrait vraisemblablement être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître que le choix du procédé est ici judicieux et fort de propos même si le réalisateur s’embarrasse déjà moins de la diégèse en alternant d’une caméra à l’autre à mesure de leur détérioration. Alors c’est vrai que l’on pourra tout à fait s’interroger sur la présence d’accessoires qui n‘ont pas vraiment leur place dans cet environnement comme ce téléphone directement relié vers l’au-delà ou bien ce piano qui n’a pas dût être une partie de plaisir à acheminer dans un endroit aussi étroit, mais ces éléments horrifiques servent finalement autant à accentuer la tension qu’à étoffer artificiellement l’intrigue puisque les protagonistes se retrouveront confrontés à des traumatismes bien plus personnels qu’ils ne le pensaient. Il s’agit donc d’un voyage vers l’enfer mais également sur soit même dans leur coeur des ténèbres. Ce scénario un brin alambiqué par son charabia mystique et métaphysique un chouïa plus intellectuel que la moyenne le rend également plus ambitieux malgré la faiblesse des moyens alloués. A défaut de changer le plomb en or, le réalisateur sera parvenu à trouver la bonne alchimie pour nous faire avaler une enfilades de clichés déjà vu cent fois ailleurs en l’espace de quelques années sans néanmoins apporté de renouveau si ce n’est d’aller à l’essentiel par ses multiples chemins de traverse qui déboucheront sur une résolution moins pessimiste qu’à l’accoutumée. Alors, prêt à vous laisser guider ?

Le-Roy-du-Bis
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vous reprendrez bien un peu de Found Footage ?

Créée

le 13 nov. 2023

Critique lue 9 fois

Le Roy du Bis

Écrit par

Critique lue 9 fois

D'autres avis sur Catacombes

Catacombes
Lazein
5

Ossement d'épaule

Ouais...je l'avoue, j'ai aveuglément succombé à la superbe affiche de "Catacombes" : la Tour Eiffel sataniquement retournée comme un crucifix, ses talons ancrés dans un Champs de Mars morbides jonché...

le 24 nov. 2014

46 j'aime

16

Catacombes
guyness
3

Paris ténu

Catacombes (pardon: as above, so below) arrive a point nommé pour m’aider à mettre elle doigt sur un truc qui me turlupinait depuis longtemps, et que je suis sûr que beaucoup d’entre vous, fins...

le 2 déc. 2014

34 j'aime

12

Catacombes
EvyNadler
7

L'horreur n'a pas de visage.

Hop, petite référence à Apocalypse Now. Terminé, rideaux. Et je ne veux même pas les noms de ceux qui ont pensé à RRRrrr!!! en premier lieu. Ceux qui mettent une bonne note à The Descent et pas à...

le 27 nov. 2015

25 j'aime

Du même critique

Whiplash
Le-Roy-du-Bis
10

I’m Upset

On ne nait pas en étant le meilleur, on le devient au prix d’un travail acharné et d’une abnégation sans faille. Le talent n’est pas inné, il se développe et se cultive par un entraînement rigoureux...

le 17 juil. 2023

8 j'aime

21

La colline a des yeux
Le-Roy-du-Bis
8

Les Retombées

À Hollywood, on aime pas trop prendre des risques inutiles et les remake constitue des retombées financières garantie. Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Vendredi 13... Evidemment, pour s’assurer...

le 19 oct. 2023

7 j'aime

3

Kickboxer
Le-Roy-du-Bis
7

Nok Su Kao

Beaucoup l’ont traîné dans la boue à cause de quelques langues de pute de journalistes qui ont voulu le tourner en ridicule, mais Jean Claude Van Damme n’en reste pas moins une bête d’athlète qui...

le 25 mars 2024

6 j'aime

7