En sortant de la salle, une question m’a traversé l’esprit : qu’est-ce que je peux reprocher à ce film ? Et plus j’y pense, moins je trouve de réponse. Cette adaptation du tome 6 de Chainsaw Man ne retire rien à l’œuvre originale au contraire, elle la magnifie.
Le film agit comme une véritable déclaration d’amour à l’animation japonaise et au cinéma lui même. On y ressent, à chaque plan, la fascination que Fujimoto entretient pour le septième art. Si l’anime parvenait déjà à en transmettre l’essence, le film, lui, en décuple la portée.
Le réalisateur prend le temps de respirer là où le manga allait droit au but. Certaines scènes mineures deviennent de longues parenthèses contemplatives. Je pense notamment à celle de la piscine, d’une beauté rare. Cette lenteur assumée transforme l’instant en pure émotion visuelle, presque sensorielle.
Ce qui est fascinant avec ce film et plus largement avec le tome 6 c’est qu’il évoque presque un filler, un interlude au sein du chaos. C’est comme une pause bienvenue après tout ce que Denji a traversé, un moment suspendu, hors du temps, où le calme, le vent et la chaleur de l’été reprennent leurs droits. On y assiste à la naissance fragile d’un sentiment amoureux entre Reze et Denji, mais aussi à une scène avec Makima, sans doute l’une des plus belles de tout le manga et de l’anime.
Ces instants traduisent à merveille cette sensation de symbiose entre le temps qui passe et les émotions qui s’apaisent un rare moment de douceur dans un univers d’une brutalité constante.
Et lorsque le film s’embrase dans l’action, il le fait avec une audace réjouissante des combats à la fois absurdes et sublimes, portés par une mise en scène foisonnante de lumières et de couleurs. Le tout baigne dans une énergie presque cartoon, sans jamais trahir la profondeur émotionnelle du récit.
Mais ce qui fait la force du film, ce sont évidemment les personnages. Que ce soit les plus petits rôles comme celui de l’assassin tout est travaillé. Dans le manga, il a une apparition soudaine dans l’école : on y voit une mini-histoire qui permet de comprendre qui il est, et pourquoi le démon Typhon lui fait confiance, malgré le fait que le tueur n’ait conclu aucun pacte avec qui que ce soit. La mise en scène est vraiment sublime et malsaine, avec les bruits d’agonie de ses victimes qui renforcent l’ambiance. Tout cela englobe et valorise encore plus la scène, en apportant ce sentiment de peur au spectateur qui n’a pas lu l’œuvre, au point de penser que Reze allait y passer mais non.
Il est aussi très intéressant de voir évidemment la querelle amoureuse, malheureusement impossible, entre Denji et Reze. Mais ce que je trouve le plus merveilleux, et vraiment magnifique, c’est cette symbiose entre Aki et Angel : deux êtres complètement différents. D’un côté, un humain ; de l’autre, un démon à l’apparence d’un ange d’une beauté sans nom, qui, par mégarde, enlève du temps de vie à celui qu’il touche. Et de l’autre côté, un devil hunter, un homme qui a tout perdu et qui ne se permet plus de perdre quiconque, malgré sa terrible envie de mourir après avoir accompli sa quête.
Deux êtres complètement opposés, mais qui se retrouvent liés par la mort, chacun à sa manière : l’un l’engendre, l’autre la subit. Dans Chainsaw Man, la mort ne suffit plus ; elle devient quelque chose de plus profond. Elle représente la peur, mais aussi une forme de paix, dans un monde rempli de décès où elle peut surgir à tout moment.
Et c’est encore plus fort quand on met cela en parallèle : d’un côté Aki et Angel, qui subissent la mort, et de l’autre Denji et Reze, qui veulent vivre pleinement. Cette opposition montre une vraie différence dans la façon de vivre sa vie : ceux qui la subissent, et ceux qui veulent la vivre.
C’est une œuvre qui respire la passion, une extension naturelle de l’univers de Fujimoto.
CEST DE LA BOMBE RAHHHHHH