ChaO est de ces films qu’on regarde le sourire au coin des lèvres et les yeux grands ouverts. D’abord parce qu’il est drôle, vraiment drôle. L’humour y est omniprésent, mais jamais lourd, toujours astucieusement dosé. On ne se lasse pas des blagues, même les plus attendues, tant elles sont livrées avec une énergie et une sincérité désarmante. Il y a un plaisir communicatif dans cette légèreté, un sens du rythme qui fait mouche à chaque fois.
Mais derrière cette légèreté apparente, ChaO cache une mécanique narrative d’une précision bluffante. Le film regorge de petites phrases, de gestes furtifs, de détails qui semblent insignifiants… jusqu’à ce qu’ils prennent tout leur sens bien plus tard. Et ça arrive plusieurs fois. Cette construction subtile donne au film une profondeur insoupçonnée et rend chaque recoin du scénario précieux, comme si tout avait été pensé pour résonner plus loin, plus fort.
Et puis il y a les personnages, à la fois excentriques et profondément marquants. Leurs designs flirtent souvent avec l’absurde, avec des silhouettes décalées, des expressions un peu folles, des détails visuels qui marquent. La plupart restent en arrière-plan, mais chacun contribue à nourrir l’univers du film, à lui donner cette texture singulière. Même sans s’y attacher pleinement, on garde en tête leurs présences, tant elles participent au ton et à l’identité de l’ensemble.
Côté animation, c’est un ravissement de chaque instant. L’environnement, les textures, la lumière, le mouvement des corps et des eaux : tout est maîtrisé, élégant, poétique. Et puis vient le final. Un véritable crescendo visuel où les animateurs semblent se libérer totalement, offrant une séquence finale à couper le souffle. On sent qu’ils se sont fait plaisir, et ce plaisir, on le reçoit de plein fouet.
Quant à la fin du film, elle ne cherche pas à surprendre. Elle est évidente, oui. Mais elle est aussi parfaitement juste. Elle arrive comme on l’attend, et c’est précisément ce qui la rend si satisfaisante. On ne sort pas de la salle le cœur en miettes, mais avec une sensation douce, paisible. C’était cette fin-là, et pas une autre. Et c’est exactement ce qu’on voulait.