mai 2011:

Je ne sais pas pourquoi mais j'avais le pressentiment que ça allait coller. J'avais une grosse envie de voir un noir d'antan. Et puis André de Toth! Je ne crois pas avoir vu énormément de ses films. J'ai un lointain mais néanmoins agréable souvenir de "The indian fighter" ("La rivière de nos amours") avec Kirk Douglas. Je me rappelle la qualité d'ensemble, le sentiment d'avoir eu devant les yeux un objet pensé, bien façonné, maitrisé et intelligent.

Si c'est un tout petit peu moins le cas ici, c'est sûrement à cause du personnage interprété par Sterling Hayden, un flic rugueux à l'excès et pas loin d'être un triste con.

Pour le reste, je ne suis pas non plus charmé par la mono-faciale composition que nous livre Gene Nelson. Peu expressif, il met donc en valeur le travail de ses petits camarades qui l'entourent.

Le plaisir vient donc plutôt d'eux et ils sont nombreux. Le film est en effet le rendez-vous de plusieurs grandes gueules. Certains s'en donnent à cœur joie, Timothy Carey en tête en fait des tonnes, comme d'habitude.
J'ai aimé retrouver Jay Novello en véto alcoolo bien poisseux, bien dans le style noir.
De même qu'on peut aisément apprécier la rudesse sculptée d'un tout jeune Charles Bronson ou bien encore la superbe silhouette féminine de Phyllis Kirk, joli minois, finesse du menton, regard apeuré, jouet d'un chantage sexuel très pesant tout le long du film. Sa bourgeoise et amoureuse fidélité contraste avec la concupiscence et la vénalité des mâles énervés qui bourdonnent autour d'elle et son mari.

André de Toth a très bien mis en place ces enjeux, plein de non-dits, de double sens que les dialogues et les postures appuient avec subtilité, faisant jaillir un suspense intense depuis le caniveau, avec une pègre très violente, aux tentacules dont on n'échappe décidément pas. Destin scellé? Destin noir?

Un film où les héros sont piégés ente l'imbécillité policière et un indécrottable passé mafieux. Tout un programme noir, l'inéluctable avenir tracé dans le sang.

Malheureusement (ou heureusement, je ne sais jamais trop), mais le happy-ending déroge au dernier moment à cette règle.

Le film marche droit pourtant, d'une efficacité indéniable, plongeant le spectateur au cœur de la mêlée, entre les enquêteurs ou les malfrats, dans les méandres de la banlieue de L.A. Les angles de vues d'André de Toth ne manquent pas d'audace, partent à l'aventure pour donner cette teinte réaliste, encore qui capte le public.

Un bon noir, serré.
Alligator
7
Écrit par

Créée

le 18 avr. 2013

Critique lue 491 fois

4 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 491 fois

4

D'autres avis sur Chasse au gang

Chasse au gang
oso
7

Pauvre pilote perdu dans un cul de sac

Même si l’on finit la séance un peu déçu, la faute à un dénouement de bisounours qui ne sied pas à l’ensemble, Chasse au gang est une jolie découverte, un polar noir efficace aux ambiances...

Par

le 5 août 2015

6 j'aime

1

Chasse au gang
Alligator
7

Critique de Chasse au gang par Alligator

mai 2011: Je ne sais pas pourquoi mais j'avais le pressentiment que ça allait coller. J'avais une grosse envie de voir un noir d'antan. Et puis André de Toth! Je ne crois pas avoir vu énormément de...

le 18 avr. 2013

4 j'aime

Chasse au gang
philippequevillart
7

Toute la noblesse de la série B stylée

L’alchimie du cinéma d’André de Toth repose principalement sur la simplicité d’un script qu’il assaisonne avec quelques ingrédients choisis. Visuel de grande qualité, que ce soit sur ces films en...

le 23 mars 2019

3 j'aime

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime