Après les très problématiques Bac Nord et Novembre, la fascination de Cédric Jimenez pour les flics qui font mal leur travail se poursuit avec Chien 51.
Si le réalisateur ne met pas des gyrophares ou une descente de police toutes les dix minutes, il meurt. C’est pénible et cela nuit à la fluidité du film comme à sa compréhension. On cherche à créer de la tension en sacrifiant le récit.
Dans la première demi-heure, le film passe son temps à introduire des concepts technologiques, présenter des émissions télé du futur et plein courses-poursuites en voitures électriques, tout en essayant au second plan d'installer une intrigue. Il peine tellement à faire comprendre les enjeux que celle-ci est sans cesse synthétisée et illustrée à coups de schémas et d’images de réalité virtuelle. Il faut que tout aille vite, mais Chien 51 parait horriblement long.
Les personnages semblent creux. Ils sont présentés comme torturés, mais on ne prend jamais le temps d’expliquer pourquoi. Zem a des insomnies, il entretient un lien étrange avec une femme, mais on a aucune explication. De nombreux mystères entourent les personnages — peut-être expliqués dans le livre — mais ils sont ici survolés, ce qui est frustrant et crée une distance vis-à-vis d'eux. Le personnage interprété par Louis Garrel a l'air extrêmement intéressant, mais Cédric Jimenez préfère filmer des policiers qui font joujou avec des drones plutôt que de nous montrer comment une part d’humanité et une révolte peuvent subsister dans ce monde déshumanisé.
Cédric Jimenez va faire un biopic sur Johnny. Je me demande bien ce qu’il va raconter : la perquisition du domicile de Johnny ? La garde à vue de Johnny ?
L’évolution des personnages est, à l’image de l’intrigue, pas cohérente. D’une scène à l’autre, ils se mettent à parler de comptabilité, puis une complicité ou romance s’installe entre eux, sans logique avec ce qui a précédé.
Faire un film français de SF est une excellente idée, tant ils sont rares. Mais ici, cela a peu d’intérêt. On reste cantonné au polar, et le fait que ça se déroule à Paris n’apporte rien. La ville est toujours sombre, floutée en arrière-plan, on ne peut pas s'immerger dedans. Une fois les « zones » expliquées, elles ne servent plus à rien. Il y a quelques tentatives de cyberpunk, mais rien n’est approfondi. On survole l’univers, les personnages, l’histoire… rien n’est creusé, et c’est lassant. On plane au-dessus de tout, comme un petit drone. Au moins cette fois, Cédric Jimenez assume la science-fiction. Et les scènes d’action sont horriblement mal filmées. Le seul point fort est la musique du générique à la fin qui est bien.
Je ne sais même pas ce que le réalisateur a voulu exprimé dans ce film. L’intelligence artificielle comporte des risques, il y a une ségrégation sociale, on est surveillé, les policiers sont courageux… un peu de tout cela j'imagine. Quand on regarde Blade Runner ou 2001, l’Odyssée de l’espace... on se dit qu’ils étaient visionnaires à l'époque. Que se dira-t-on dans quarante ans en revoyant Chien 51 ? Spoiler : probablement rien — personne ne le regardera.
Si vous avez aimé ce film, je suis ravi d'avoir vos avis et vos interprétations, car personnellement je n'ai pas passé un bon moment.
Merci, bonne journée à vous.