Chien 51
5.4
Chien 51

Film de Cédric Jimenez (2025)

Je crois que je n’ai jamais eu autant envie de rentrer dans l’écran pour dire “stop, on arrête tout”. Parce que vraiment, Chien 51, c’est le genre de film où tu sens qu’il y avait potentiellement quelque chose à raconter, mais que tout s’est perdu dans un brouillard d’effets de style et de grands discours vides.


Je n’ai rien contre les adaptations libres, encore faut-il garder un minimum d’âme. Ici, le film s’écarte tellement du roman qu’on se demande pourquoi ils ont gardé le titre. La seule bonne idée du livre (celle des riches supplémentés par une technologie qui les empêchent de vieillir et de tomber malade, un trafic d’organes monté sur fond d’inégalités sociales) a été purement et simplement effacée au profit d’un pseudo-réquisitoire contre l’intelligence artificielle. C’est creux, attendu et ça ne dit rien.


Les personnages sont vidés de leur substance. On dirait qu’ils ont été écrits pour les acteurs et non pour servir une histoire. Gilles Lellouche fait du Gilles Lellouche (air bourru, mâchoire serrée, colère contenue, fausse ironie), Adèle reste dans son registre habituel de froideur impassible et ne transmet strictement aucune émotion. On dirait qu’elle joue en pilote automatique. On a beau chercher un peu d’humanité quelque part, tout sonne faux. On ne croit absolument pas à leur complicité, les dialogues sont gênants, et on a envie que ça cesse. On ne s'attache à aucun des personnages, aucun d'eux n'a une quelconque profondeur, on comprend de suite l'importance du ministre joué par Romain Duris (un tel acteur pour un personnage de troisième rang, vraiment ?)


Et puis, ces procédés scénaristiques inutiles... des ralentis à rallonge, des emphases visuelles, des musiques qui forcent l’émotion comme un violon sur un téléfilm TF1. C’est comme si le film essayait de fabriquer de la profondeur là où il n’y en a pas.


Le pire, c’est qu’on sentait qu’il y avait potentiellement matière à. Dans le livre, il y a tout un pan sur la marginalité, sur le passé révolutionnaire du héros, sur ce qu’être un déplacé veut dire dans une société qui ne veut plus de toi. Ici, tout a disparu. On le voit juste craquer, devenir une “balance” dans un commissariat, et plus rien. On n’en reparle jamais. Zéro construction, zéro impact. Le seul pauvre rapport avec son passé dans le film, c'est une salade grecque. Chouette.


Et cette fin ? Vide. Brute. La violence esthétisée à outrance. Une apothéose de violence filmée comme un clip, qui rappelle Bac Nord (du même réal), ou Les Misérables de Ladj Ly mais sans sa tension ni son enjeu. On sent la volonté de faire du grand cinéma, mais on obtient juste un exercice de style fatiguant.


Bref, j’ai passé 1h40 à rager sur mon siège, à me dire que décidément, certains films devraient rester des livres.

marchalizee
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il y a 7 jours

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