« Moi je dis, et je crois qu’on se dit tous, que ce film, c’était une gentille idée. Mais, et là je vise personne, ça aurait pu être mieux fait. Alors, si on se disait « ça va pour cette fois », le prochain coup on fabrique le film comme il faut et on le sort en grande tenue. »
Sur le papier, ça aurait dû être bien, mais… ça ne l’est pas. Bon, le résultat n’est pas honteux non plus, c’est juste que c’est le plus gros film français de l’année, que c’est un film de science-fiction dystopique, un genre inexistant en France, et que l’on aurait souhaité voir quelque chose à la hauteur des attentes (et surtout qui fasse la nique aux Américains).
L’histoire, c’est un film néo-noir classique : des flics enquêtent sur un meurtre puis sur un complot, aucune extravagance. Mais ce n’est pas si important, puisque dans ce genre, c’est plutôt le contexte, l’ambiance et les personnages qui priment. Contexte et ambiance : le film fait le job, à la hauteur du budget sans toutefois le transcender. Au niveau des personnages, c’est plus compliqué : ce sont des caricatures du genre, et Jimenez ne brille ni par sa direction d’acteurs, qui est franchement mauvaise, ni par ses dialogues.
D’autre part, les antagonistes ne sont pas du tout développés. Il reste des figures absentes du film, ce qui fait que, quand ils apparaissent à la fin, on s’en fout un peu.
Les scènes d’action sont correctes, mais je les trouve trop expédiées. La scène du milieu du film où Adèle est attaquée par des drones en est un bon exemple : une fois qu’Adèle parvient à se cacher dans une sorte de remise, les drones se mettent en mode recherche et balaient lentement la zone pour trouver leur suspecte. On pense alors à la scène de Jurassic Park où les gamins se cachent dans la cuisine alors qu'ils traqués par les raptors… et bien, avec cette comparaison en tête, ça fait mal. Il en va de même pour le troisième acte, quand notre héros passe en mode infiltration de la zone 1, que l’on est en droit de supposée extrêmement bien gardée. C’est encore une fois fait à la va-vite, alors que c’est normalement là que l’on devrait trouver le morceau de bravoure du film, et la conclusion nous est livrée en mode : « voilà, la vérité est sur les réseaux sociaux, puis c’est la révolution, et tout est bien qui finit bien, sauf que le héros… ».
En fait, il manque une demi-heure au film pour se poser et raconter son histoire correctement avec des personnages travaillés. Ça a l’air d’être une maladie courante dans le cinéma contemporain ; il en était de même pour Le Comte de Monte-Cristo.