Un aphorisme réconfortant par de nombreux aspects...
A condition bien sûr d'oublier certaines de ses failles ; la première, c'est le caractère évident de ce truisme qui lui fait perdre pas mal en puissance : Oui, tout Empire périra, certes. Mais TOUTE chose, quelque qu'elle soit, périra de toute façon. Les Empires ni plus ni moins que le reste finalement...
L'autre point, c'est le risque de l'inconnu. Il faut en être conscient ; si l'on sait ce qu'on perd, on sait moins ce qu'on gagne, à la chute de l'Empire. Tout comme on peut légitimement se réjouir à l'annonce du départ d'un patron relou et oppressif, avant de constater amèrement, à l'arrivée du remplaçant, que l'on peut toujours faire pire, il faut faire montre d'une certaine prudence dans l'intensité avec laquelle nous appelons de nos voeux la chute de l'Empire ; l'ironie dramatique est souvent pas loin, tapie dans l'ombre.
Mais, ces petites pincettes de rabat-joie étant posées, cela ne doit nullement nous empêcher de souhaiter la chute de l'Empire. Et à défaut, de prendre un plaisir coupable devant une oeuvre cathartique mettant en scène cette chute. "Coupable" car il n'est pas très Charlie, avouons le, de savourer des évènements qui sont profondément tragiques, provoquant la souffrance et la détresse de milliers de nos semblables n'ayant pourtant pour la plupart rien demandé à personne. "Plaisir" malgré tout parce que, ne nous mentons pas, rien n'est plus jouissif que le scénario de l'arroseur arrosé, rien n'est plus satisfaisant que de voir un pays qui depuis près de 80 ans s'amuse à jouer à l'apprenti sorcier avec le monde, déstabilisant sciemment les pays qui lui déplaisent afin de provoquer leurs déflagrations et de les réduire à l'impuissance, se prendre un violent retour de Karma en pleine tronche. Car oui, si on prend un peu de recul, qu'est ce que ce serait "mérité" de voir les Etats-Unis se désunir et imploser de l'intérieur. Et personnellement, en tant que Citoyen d'une colonie Américaine, je le confesse, cela m'arrache un léger sourire en coin (que le colonisé qui n'a jamais souri à l'idée de voir son colonisateur dans la mouise me jette la première pierre). C'est avec cet état d'esprit de sale gosse que je suis allé voir ce film...
C'est très... "Politique" comme entrée en matière, vous trouvez hein? Bin je suis désolé, j'essaye d'introduire un peu de Politique comme je peux, parce que -étonnement- le film, lui, c'est vraiment pas son truc.
Il n'y a rien. Le néant ou peu s'en faut. Un vague contexte ultra minimaliste : des Etats on fait sécession (Californie, Texas d'un côté, Floride de l'autre si j'ai bien tout lu Freud) et c'est la guerre avec en point d'orgue, la capture de Washington et du Président. Et c'est tout. Aucun contexte, aucune explication, aucun focus sur les raisons sociales, économiques, géostratégiques derrière ce conflit. Même pas de petit brûlot anti-Trump, rendez vous compte (le wokisme n'est plus ce qu'il était... tout se perd ma bonne dame... y a plus de saison toussa toussa)! Même l'idée, de prime abord très chelou, d'associer la Californie (ultra-Démocrate) et le Texas (ultra-Républicain) ensemble me parait être une astuce pour empêcher toute possibilité d'encrer les antagonistes en présences dans une quelconque opposition politique réelle et palpable.
Alors bon, je suis mauvaise langue ; il y a bien un ou deux micro indices de ci de là. Comme le fait que le Président a aboli le FBI (vous en faite ce que vous voulez), qu'il a tiré des missiles sur sa population, ce qui effectivement, peut provoquer un certain mécontentement, qu'il y a ce qui ressemble plus ou moins à des purges raciales en arrière plan des combats (au passage, je veux pas pinailler hein, mais cette scène, oui, cette scène là, vu la situation, vu le genre d'olibrius auquel t'es confronté, d'où le mec sort un "Hong Kong"??!!! Sérieux??? Avec un instinct de survie pareil, comment il a fait pour vivre aussi longtemps??? Mais bref)... Mais bordel qu'est ce que c'est léger.
Au final et contrairement à ce qu'on aurait pu croire au vu du contexte actuel des Etats-Unis (post assaut du Capitole, toussa), ce n'est pas du tout un film sur la guerre civil Américaine. C'est un film sur la guerre en général et les photographe de guerre en particulier.
En vrai, ça aurait pu prendre pour prétexte n'importe quel conflit armé, n'importe où que ça aurait raconté EXACTEMENT la même chose. Le contexte Américain n'apporte rien si ce n'est une imagerie un peu choc parfois simplement là pour le marketing promotionnel (on pense à ces tireurs installés dans la flamme de la Statue de la Liberté par exemple). Et le fait que c'est quand même grâce à ça qu'ils m'ont appâté, moi et sans doute d'autre, là où rien ne dit que je serais allé voir le film si on ne m'avait pas fait cette promesse là...
Alors je sais qu'il est de bon ton de dire qu'il faut juger un film pour ce qu'il est et pas pour ce que l'on espérait qu'il soit, mais bon, quand même, il y a un décalage entre le potentiel et le résultat qui est trop gros pour être simplement ignoré.
Cela étant dit, ça reste un bon film.
Les acteurs/actrices sont excellents (mention spécial pour Don Pablo que j'ai pris un réel plaisir à retrouver). La réal' est d'une grande efficacité, extrêmement percutante. Un grand soin me semble avoir été apporté à l'ambiance sonore qui fait plusieurs fois frissonner.
Et puis cette scène de fin sur la bataille de Washington, wahou! C'est impressionnant comment ça "fait vrai". Il suffit de comparer ça à la bouillie numérique qui accompagne les scènes de batailles finales de n'importe quel Marvel, pour se rendre compte à quel point on est sur du travail sérieux.
Il y a quelques éléments intéressants, notamment sur le travail des journalistes de guerre. Derrière le côté indispensable de leur action (?), ne seraient ils pas un peu des psychopathes sur les bords? La question mérite d'être posée et c'est plutôt bien fait ici, avec une vraie ambiguïté permanente (ils sont à la fois humains/attachants mais aussi sacrément flippant/tête à claque).
J'ai eu un peu de mal (attention spoiler)
avec le sacrifice de la madame Lee que j'ai trouvé très bancale, tant dans sa mise en scène que dans sa crédibilité. Le côté froid et totalement "osef" des protagonistes ne fonctionnait pas bien avec tout ce qui avait été construit en amont.
Bref, dans l'ensemble un bon film, bien prenant et pas dégueu, mais qui à mon sens aurait gagné à plonger un peu plus les mains dans le cambouis de son matériaux de base, parce que là, en l'état, il y a quand même un côté très superficiel...