Civil War, du prometteur studio A24, est finalement très décevant. Pour le dire un mot (enfin presque) : il est beaucoup trop américain.
L'idée initiale est pas loin d'être bonne : dans des Etats-Unis ravagés par une guerre civile, des reporters traversent les champs de bataille pour couvrir la chute de Washington et du président. Le parallèle et la morale de l'histoire sont pas sorciers à comprendre : les USA sont aujourd'hui au bord de la guerre civile et ce serait une bonne idée d'éviter ça (sans blague). Le président a tout d'un Trump, entre ses déclarations à rebours du réel (discours de victoires quand son armée ne fait que reculer) et ses mots et phrases totalement aléatoires. On comprend aussi qu'il a bombardé des villes américaines menant donc à la guerre civile. Même la photographie, très belle on va pas dire le contraire, est quand même barbante et redondante (avec moult travellings de drone filmant des paysages dévastés au coucher du soleil).
Le développement des reporters est vu et revu. Alors que trois journalistes expérimentés s'élancent dans l'aventure, ils sont rejoints par une jeune photographe de guerre qui souhaite apprendre auprès de la légende (Kirsten Dunst). Cette dernière voit cette compagnie d'un très mauvais œil, mais ô surprise, finira par s'y attacher plus que de raison. Alors que la jeune est au début du film choquée, à juste titre, de toutes les atrocités qu'elle voit, elle prend de plus en plus courage, et c'est exactement le développement inverse pour l'expérimentée - jusqu'à la dernière opération où tout se joue. Les acteurs, d'ailleurs, sans être foncièrement mauvais, font vraiment le minimum syndical : maximum deux émotions par acteur/actrice dans tout le film. Seul Wagner Moura sort un peu du lot, mais à des années-lumière de sa performance dans Narcos.
Finissons tout de même sur les bons points, notamment sur l'originalité du scénario qui tourne autour du reportage de guerre, et de la photographie de guerre. C'est la première fois que je vois, dans une fiction ou un documentaire, comment les reporters sont acceptés et accompagnés sur des champs de bataille, et c'est très gênant de voir des humains s'échiner à prendre des photos alors que la mort rôde partout - gênant, mais nécessaire. Dans le film, cela donne lieu à des scènes d'action magistrales, où des commandos progressent peu à peu tout en protégeant comme ils le peuvent ces civils un peu tarés d'être là. Certaines photographies prises par les personnages et montrées à l'écran sont d'ailleurs remarquables - bien plus que l'esthétique globale du film.