À sa sortie en salle, je n’avais pas beaucoup apprécié ce troisième Conjuring. J’en attendais sans doute un film du même calibre que ses deux prédécesseurs (que j’aime énormément). Toujours est-il que j’étais ressorti de la projection froidement déçu. Je ne l’avais pas revu depuis… jusqu’à aujourd’hui (12 septembre 2025). Et, à ma grande surprise, ce second visionnage m’a laissé un sentiment bien plus indulgent.
Le plus grand défaut du film est paradoxalement ce qui le rend singulier : les événements ne se déroulent pas dans un lieu unique, fermé, presque étouffant, comme c’était le cas auparavant. Ici, l’intrigue s’éparpille entre plusieurs décors, ce qui m’avait beaucoup déconcerté à l’époque. Avec le recul, on se rend compte que le film prend plutôt la forme d’une enquête que celle d’un pur récit d’épouvante.
James Wan avait passé le flambeau à Michael Chaves, et cela se ressent immédiatement. Non pas que la mise en scène soit ratée — loin de là. Mais dans les deux premiers opus (surtout le premier), Wan parvenait à instaurer une atmosphère oppressante qui nous tenait jusqu’au dénouement. Ici, jamais je n’ai réellement ressenti la peur ou la tension. Chaves tente bien de surprendre le spectateur, mais en dehors de deux scènes efficaces, l’ensemble fait l’effet d’un pétard mouillé. Un comble pour un Conjuring.
C’est d’autant plus dommage que, sur le plan scénaristique, l’ambition était de proposer autre chose : sortir de la zone de confort, éviter de refaire la même formule. Mais au final, Chaves ne semblait pas avoir les épaules pour porter une telle entreprise.
Autre différence notable avec ses aînés : dans les deux premiers films, la première partie se concentrait sur une famille découvrant l’horreur qui s’immisçait dans leur maison. Ici, le récit se focalise presque exclusivement sur les Warren. Je ne sais pas vraiment si c’est une qualité — car cela renforce leur importance dans l’histoire — ou un défaut, puisqu’on perd ce sentiment d’identification immédiate avec une famille ordinaire confrontée à l’impensable.
Heureusement, Patrick Wilson et Vera Farmiga portent toujours le film avec la même justesse. Leur alchimie reste intacte et confère une vraie profondeur émotionnelle au couple Warren. L’idée de montrer un Ed Warren affaibli, plus fragile physiquement, est d’ailleurs une belle trouvaille : cela rend le personnage plus humain et donne un relief supplémentaire à leur relation, déjà au cœur de la saga.
Le choix de faire de l’antagoniste une figure non surnaturelle est en revanche une bonne idée. Cela apporte un changement de perspective intéressant et donne à l’intrigue une dimension plus terre-à-terre, presque policière, qui colle bien à l’aspect enquête du récit. Ce virage permet aussi de sortir des schémas classiques de possessions et de fantômes qui commençaient peut-être à s’essouffler.
Au final, ce second visionnage m’a permis de porter un regard plus indulgent sur ce troisième Conjuring. Je suis moins déçu que la première fois, et certains choix, comme la focalisation sur les Warren ou l’antagoniste non surnaturel, apportent un vent de fraîcheur à la saga. Néanmoins, le film peine toujours à instaurer la tension et l’angoisse caractéristiques des premiers opus, ce qui me laisse avec un sentiment mitigé : appréciable par certains aspects, mais jamais vraiment à la hauteur des deux premiers films.