Pendant l’âge d’or du cinéma de Robert Zemeckis dans les années 1990 avec la trilogie Retour vers le Futur et Forrest Gump, le cinéaste a fait un retour à la science-fiction avec un film principalement rapproché avec la période des films d’aliens des années 90, dans la catégorie des films de SF ou les extra-terrestres n’étaient pas immédiatement présenté comme hostile, à l’image par exemple du Abyss de James Cameron ou du E.T de Steven Spielberg pour ne citer qu’eux.
Pourtant, parmi les films du vieux Bob, Contact n’est pas connu pour être une référence comme Qui veut la peau de Roger Rabbit. Resté en attente un certain temps, cette adaptation du roman éponyme de Carl Sagan ne sera pas devenu une référence parmi les films de Zemeckis malgré son succès critique et commercial, même si plus ce succès a été mitigé que ses films précédents.
Et justement c’est un film qui mérite qu’on en parle davantage, puisqu’il est l’un des plus reconnaissables parmi les films du réalisateur mais aussi un film qui représente ce qui me plaît le plus dans certains long-métrages de Zemeckis.
Tout le film fonctionne d’abord grâce au rythme constant installé par Robert Zemeckis du début à la fin, que ça soit en temps réel ou lors des flash-back qui prennent toujours le temps de soigner le background du personnage central d’Ellie Arroway. Une fois passé le peu de longueur qui peut s’en faire ressentir, aucun événement du film n’est survolé ou traité de manière superficiel : la découverte du signal extra-terrestre n’est pas pris à la légère ou survolé, les scènes de dialogues et de débat prennent leur temps pour exposer la situation ou réfléchir à toute alternative quant à la présence d’une autre forme de vie.
L’ambiance joue également un rôle important, elle passe en premier lieu par la réalisation de qualité, comme souvent, de Robert Zemeckis, à l’image de deux plan-séquences travaillés, que ça soit celui d’ouverture ou celle de la découverte du signal extra-terrestre. Sa caméra ne se contente jamais que de faire du plan fixe, plusieurs scènes privilégient un minimum de cut, et le montage est soigné lors des transitions. Et en termes de visuel, le film n’a pas à rougir non plus : même si l’image de synthèse
pour la machine à voyager à travers l’espace et le temps
est devenue clairement plus lisible avec les progrès technologique, le travail visuel lors du plan-séquence sur les planètes à l’ouverture du film
et les décors la rencontre entre Ellie et l’être vivant d’un autre monde sont à tomber.
Pour le peu d’effet numérique ou de fond vert employé sur ce film, l’équipe technique a fait un très bon boulot et la crédibilité n’en est que plus forte lors du voyage d’Ellie.
L’ambiance passe aussi par la partition d’Alan Silvestri qui aide beaucoup à cette immersion et à l’envoûtement généré par le film. Le thème principal est léger mais pourtant suffisamment soigné pour s’en souvenir et crée une atmosphère à la fois douce et touchante. Sans être l’un de ses meilleurs travails, le compositeur d’Avengers et Forrest Gump ne déçoit nullement.
L’héroïne n’est jamais traité de manière superficiel ou je m’en foutiste, et devient vite identifiable pour le spectateur, bien aidé par la performance tout aussi sincère de Jodie Foster, excellente comme à son habitude. Jena Malone, qui la jouait enfant, était d’ailleurs bien dirigée lors des flash-back. Chaque séquence qui était destiné au personnage d’Ellie faisait mouche, surtout lors des moments partagés aux côtés de son père et lors de son voyage spatio-temporel. C’est lors de ces scènes-là que je retrouvais la sincérité et la sensibilité qui peut se dégager des films de Robert Zemeckis. Une émotion que je n’ai quasiment plus retrouvée dans ses films depuis Seul au Monde sorti par la suite.
On notera également la présence d’un jeune Matthew McConaughey également très investi, même si sa relation d’amant est survolée en début de film, le personnage de Palmer Ross ne m’a clairement pas laissé indifférent, les moments qu’ils partagent aussi touchent en plein dans le mille. Et niveau présence, on notera aussi ceux de James Woods et John Hurt. Sans oublier Tom Skerritt qui ne s’oublie pas. Le reste du casting faisait davantage office de figuration mais rien de mauvais ni de raté à signaler que ça soit pour la direction d’acteur ou leur jeu.
Chose aussi appréciable avec Contact et d’autres films du même style, c’est que Robert Zemeckis traite du thème de la rencontre avec les extra-terrestres de manière plus ouverte que beaucoup d’autre films ou visiblement être un alien équivaut à être un méchant. Le point de vue des personnages est pour la plupart développé un minimum, que ça soit le point de vue d’une scientifique comme Ellie Arroway, celui d’un fervent religieux tel que Palmer Ross, ou même ceux des politiciens loin du cliché des hommes de pouvoirs criant à l’invasion au moindre signe comme des débiles.
Après, on n’évite pas quelques lourdeurs,
comme le passage ou Ellie découvre la populace venu au centre de recherche et souvent composé de fanatiques religieux jugeant que la possibilité d’une existence d’une autre vie dans l’univers est un blasphème,
C’est un élément qui méritait sa place mais il y avait un meilleur moyen de l’introduire.
Car la foi, est un élément qui revient plus d’une fois dans la vision des hommes sur l’existence potentielle d’une vie extra-terrestre dans Contact, surtout avec le personnage d’Ellie dont la vision scientifique est finalement confronté à la croyance en dieu qu’elle n’accepte pas en raison de ses principes, et celui de Palmer Ross convaincu en sa foi sur l’existence du tout-puissant sans pour autant renier l’existence d’une vie extra-terrestre.
Enfin, j’apprécie surtout
que ce film se termine, non pas sur une rencontre définitive, mais sur un premier pas pour l’être humain aussi minime soit-il pour la cohabitation entre les humains et d’autres formes de vie intelligente, laissant une certaine ouverture pour les événements à venir.
L’épilogue se finissant de façon optimiste et songeur sur un plan faisant écho à un autre dans le film,
celle ou Ellie est à bord d’un canyon au Nouveau-Mexique en regardant en direction du ciel, espérant qu’un jour l’homme pourra de nouveau rencontrer d’autres êtres vivants venu d’ailleurs.
Après tout :
Si nous étions seul dans l’univers, ça serait un beau gâchis d’espace,
vous ne croyez pas ?
Depuis ce film et Seul au Monde, Robert Zemeckis s’est consacré à l’animation ou il a développé la motion capture mais en se basant davantage sur l’aspect technique que sur l’écriture, puis il n’a refait que deux films en prise de vue réelle avec le sympathique Flight et The Walk. Je donnerais beaucoup pour revoir un film du cinéaste capable d’émouvoir autant. L’espoir n’est peut être pas perdu avec le futur thriller romantique que va être Allied en fin d’année 2016 qui aura le droit à la présence de Brad Pitt et Marion Cotillard en tête d’affiche, sur fond de seconde guerre mondiale. On croise les doigts.