Avec la recrudescence du genre catastrophe pour cause de prophétie maya, et la bonne santé du cinéma de zombie depuis son retour en force grâce à Zack Snyder, le « film de contagion » se porte comme un charme en ce début de XXIème Siècle, à grande force de virus zombifiant – comme dans la série des 28 Jours / Semaines Plus Tard – ou, comme ici, de virus plus classiques, plus proches des histoires de SRAS, de H1N1 (pourtant moins dangereux que la grippe saisonnière), ou de grippe aviaire qui ont ponctué l'actualité récente.
Au moyen d'un casting impressionnant mais un peu vain – car rien ici ne justifie la présence d'autant d'acteurs de prestige, sinon une volonté d'employer au mieux les ressources budgétaires allouées par les producteurs – Steven Soderbergh nous livre un film à contre-courant, car ne misant absolument pas sur le côté spectaculaire qui caractérise pourtant nombre de long-métrages récents avec un synopsis similaire ; Infectés mis-à-part, mais il n'avait certainement pas la même puissance financière.
Le réalisateur fait ici un choix intelligent et qui se défend parfaitement : offrir une lecture réaliste – à quelques détails près – d'un phénomène de contamination mondiale. Et c'est justement de ce ton que Contagion tire sa force : si la plupart des films viraux manquent de crédibilité, celui-ci présente une réalité crue d'autant plus impressionnante. Il se place à hauteur d'être humain, car finalement même les membres des institutions de santé ou des gouvernements ne sont jamais que des êtres humains ; nous seront dépeints tout au long du film plusieurs destins, qui vivront tous la crise à leur échelle et en essayant de résoudre leurs propres problèmes : une membre de l'OMS, un père de famille, un blogueur influent, une virologue, etc... Les scènes de panique restent rare, mais elles existent : ce film ne fait pas dans le spectaculaire.
Néanmoins, autant ce parti-pris se défend, autant l'ensemble manque parfois de rythme. C'est bien filmé, mais très académique ; un style qui va de pair avec la façon dont le réalisateur traite son sujet : carré, presque sur le ton du documentaire. Et paradoxalement, c'est d'aussi là que vient le problème : c'est lisse, et parfois même sans saveur. Contagion a pourtant tout du grand film, et bénéficie d'un soucis de réalisme rare ; nous voyons que le réalisateur a travaillé son sujet pour coller à un scénario le plus crédible possible. Cela suffit à en faire une œuvre recommandable.