Oh nan, pas encore un de ces pseudos-films "femme forte" hypocrites et chiants.... Ben... en fait, Conviction n'est pas tellement dans ce registre, et c'est tant mieux
C'est l'histoire de deux frère et soeur, issus d'un milieu très défavorisé et dotés d'une mère plus ou moins irresponsable qui ont donc grandi en veillant l'un sur l'autre, échappant aux travailleurs sociaux, soutenant l'autre dans ses projets. Hélas, le frère est du genre plutôt agité, c'est un peu un aimant à flicaille, et lorsqu'un meurtre crapuleux est commis dans leur petite bourgade, il apparait comme le suspect idéal. Après deux ans d'enquête, des preuves sont enfin trouvées, et le bonhomme est condamné à perpétuité. Mais sa soeur est convaincue de son innocence, elle fera tout pour retrouver son frère et lui rendre sa famille... même si pour cela, il lui faudra remuer ciel et terre, obtenir une maitrise en droit, et seulement après, éventuellement, trouver un moyen de ressortir l'affaire...
Du coup, pour une fois, le film se focalise pas sur le caractère d'acier et un jeu de souffrance quasi masochiste à l'encontre de l'héroïne (même si elle reçoit son lot de désillusions et de coups durs), mais plutôt sur la force du lien qui existe entre les deux protagonistes. L'héroïne n'est pas spécialement une femme forte telle que le cinéma aime les mettre en scène (au point que c'en devient parfois douteux, à croire que le public aime voir des femmes souffrir en poussant des petits cris - oh wait), mais une personne qui, justement, se dépasse pour les gens qu'elle aime. Ce qui donne une atmosphère bien plus intimiste à l'ensemble, moins universelle (puisqu'il s'agir, d'ailleurs, d'une "histoire vraie"), plus crédible, et rend, à mon sens, les protagonistes encore plus admirables. D'ailleurs lorsque par mégarde ses enfants disent à l'héroïne qu'elle a sacrifié sa vie pour son frère, elle montre son étonnement : elle s'est infligé des souffrances, certes, mais elle n'a pas l'impression d'avoir fait le sacrifice de ce qu'elle aimait... au contraire.
En harmonie avec cette thématique, la réalisation est plutôt simple, épurée, et malgré des violons un peu trop présents de temps à autres, elle offre peu d'émotions fabriquées artificiellement, laissant parler l'histoire pour elle-même. Ainsi, lorsque l'on montre le refus de capituler de l'héroïne, ce n'est pas fait à grands renforts de plans rapprochés sur son visage de mère courage ou par de grandes envolées théâtrales peu crédibles, mais simplement par le déroulé du scénario, qui montre, de fait, qu'elle abandonnera pas à la première difficulté; le traitement de l'impulsivité d'enfants sauvages des deux protagonistes obéit à la même logique, d'ailleurs. Personnellement, j'ai trouvé ça extrêmement rafraichissant. Sinon, le rythme est plutôt lent, on trouve pas de grand suspense ni de twists retentissants, mais ce n'est pas nécessairement un mal.
Bon, c'est pas un grand film non plus, les acteurs principaux sont plutôt moyens, et l'ensemble manque un peu d'ambition - mais en ce qui concerne ce dernier point, je crois que c'est un choix, quelque part. Il s'agit de raconter une belle histoire sans artifice, lui donnant un air d'authenticité plus convaincant que toutes les ambitions creuses de produire le film tire-larmes de l'année.
Un film qui ne plaira probablement pas à tout le monde, mais qui m'a touché par sa simplicité et sa belle histoire - qui serait moins belle si elle n'était pas véridique, bien entendu.
