Le roi des cons
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Ce mois-ci, la cinetek me fais voir des parlers de toutes les couleurs, après le chanté des Parapluies de Cherbourg me voici face aux vers de Cyrano.
Comme dans le premier cité, ici aucune prose et je trouve le parti bien intégré, hormis de rares moments un poil dissonants, je l'ai trouvé bien plus naturel que le chant des parapluies qui m'avait sorti dès le début du film.
Mais pourquoi donc avoir gardé ce parler en vers ?
La raison, on la trouve en ce penchant sur le personnage principal, ce bon Cyrano et son caractéristique gros ... son reconnaissable ornement !
Car je pense que c'est bien la nature même du personnage, vivant par et pour ses vers, qui est à l'origine de sa réputation inadaptable. Cette nature verbale, essence du récit n'étant pas des plus cinématographiques, il est facile de tomber dans l'écueil de juste filmer une pièce de théâtre.
Mais pas ici, le mise en scène rend très bien cette nature verbale.
De sa bouche ils sortent avant même de découvrir son visage et par eux il domine l'assemblée de spectateurs mécontents, ainsi qu'un fougueux bourgeois, que la présence de la belle espérée remplit d'un bravache courage, pour une joute de mots, bien aisément remportée par Cyrano.
Par eux il vit, par eux il aime, pour eux il veille, pour eux il ment.
Que ce soit pour sa personne où celle des autres, il donne amour, vie et mort, ou encore récits héroïques, que tous envient d'entendre bien naturellement.
En parlant d'amour, il m'apparait que son véritable soit plutôt ses vers que sa charmante cousine, par lesquels il vit, exulte et pleur. La dite étant plutôt prétexte, comme la page vierge, à poser ses mots.
En parlant de vie, ce sont bien ses vers qui l'y tienne, pour eux il lâche ses derniers sous, pour eux il se fait détesté de tous.
En parlant de mort, il la donne à son rival et retarde la sienne, refusant de s'y rendre par un bête accident dont il n'a pas été maître, pour une scène magnifique nous le montrant, là où quelque autre se viderait de son souffle, se vider de ses mots.
Créée
le 26 avr. 2021
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