Le roi des cons
Cyrano est l'exemple du héros romantique. On pourrait craindre le ridicule, la mièvrerie. Comment Rostand parvient-il à éviter cet écueil? En poussant son héros jusqu'au paroxysme ("j'ai décidé...
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le 6 mars 2015
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Il se trouve que je n'ai jamais eu l'occasion de lire la pièce d'Edmond Rostand, même dans un contexte scolaire. Par contre, je connais bien la pièce grâce à l'adaptation de Jean-Paul Rappeneau avec Gérard Depardieu … Et comme on a aussi en DVD la version télévisée de 1960 par Claude Barma, je me propose de faire une analyse comparée des deux versions. Aussi, lorsque j'aurai revisionné cette dernière, il n'est pas impossible que je retouche ce texte ou peut-être réajuste la note.
La pièce est écrite en alexandrins qui sont rigoureusement repris par le scénariste Jean-Claude Carrière même si, selon Wikipédia, il a dû réécrire, à la façon de Rostand, quelques centaines d'alexandrins dans un but de simplification ou de raccourcissement. La durée du film d'ailleurs qui est globalement de 2 heures semble notoirement plus courte que celle de la pièce lorsqu'elle est jouée au théâtre.
Une des forces du succès du film reste dans le fait qu'on n'est à aucun moment gêné par les répliques en alexandrins et en rimes. Bien au contraire, ça préserve la dimension poétique de l'œuvre de Rostand et mais, surtout, renvoie à l'époque de Molière, d'une langue riche et, un tantinet, précieuse. La verve de Gérard Depardieu contribue largement à éviter une impression de texte récité. Une époque où, dans les milieux raffinés, un homme devait développer beaucoup de talents (oratoires) avant d'espérer séduire une femme.
Rappeneau n'est pas tombé dans le piège du théâtre filmé en jouant sur une mise en scène très travaillée (la scène du balcon, par exemple, avec ses différentes prises de vue) et des costumes magnifiques. Sans oublier la musique de Jean-Claude Petit qui accompagne bien les actions sans pour autant devenir prépondérante.
Mais il est tout aussi évident que la prestation de Gérard Depardieu est remarquable dans ses différents registres que ce soit celui du bretteur intrépide et audacieux, de l'homme cynique qui s'attire de nombreuses inimitiés, du poète enflammé au verbe haut ou de l'amoureux transi et complexé qui ne se reconnait aucun droit face à la douce Roxane.
Et justement le rôle de Roxane est tenu par une Anne Brochet que j'ai trouvé très réussie dans un personnage de femme à la fois fragile et rêveuse que de nombreux hommes espèrent conquérir. Ce n'est peut-être pas un hasard si, l'année suivante, Anne Brochet et Depardieu se retrouveront dans des rôles "similaires" dans le film d'Alain Corneau, "tous les matins du monde".
Signalons aussi Jacques Weber dans le rôle du comte de Guiche, amoureux éconduit de Roxane grâce aux bons offices de Cyrano. Quand même beau joueur, ce Jacques Weber, qui aura joué au théâtre un grand nombre de fois le rôle de Cyrano …
Oui, un bon film de cape et d'épée et un grand film bien romantique comme je les aime.
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le 5 août 2025
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le 6 mars 2015
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