Tout est K.O.
Boite Noire, thriller paranoïaque assez efficace, avait suffisamment convaincu pour provoquer des attentes sur la suite de la carrière de Yann Gozlan. Malheureusement, le caractère poussif de Visions...
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Boite Noire, thriller paranoïaque assez efficace, avait suffisamment convaincu pour provoquer des attentes sur la suite de la carrière de Yann Gozlan. Malheureusement, le caractère poussif de Visions n’était pas un accident de parcours au vu de ce Dalloway, qui en reproduit toutes les caractéristiques.
La tarte à la crème qu’est devenue l’IA fait déjà du récit un projet peu palpitant : le lien d’une écrivaine avec son assistante numérique vire au vampirisme et à la thérapie toxique, lorsque la première confie ses traumas que la seconde va exploiter en vue d’une écriture incarnée et riche en émotion.
Dans un futur proche qui convoque tous les poncifs possibles et les place tels des livraisons Amazon (canicule, pandémie, dérive sécuritaire, aseptisation généralisée, société de surveillance), Gozlan pense effrayer un public déjà tristement rodé aux thématiques, et dénonce moins qu’il exploite des ressorts dont il ne sait rien faire.
Les citations de Kubrick (le projet Ludovico d’Orange Mécanique, les voyants rouges et la caméra IA de 2001) sont évidemment embarrassantes, mais donnent aussi un indice sur l’alibi que semble se forger le film : contempler cliniquement un monde où l’humanité n’existe presque plus. La preuve, la voix de Mylène Farmer en IA, tout aussi lisse que son visage figé dans une éternelle jeunesse. Cela pourra donc justifier des dialogues d’une artificialité confondante, le jeu raide de personnages rivés à leur fonction narrative (un outsider, un ex-mari benêt, une directrice inquiétante) et des émotions qui se résument à un trauma occasionnant un visage contrarié devant des photographies.
Tout cela ne manque évidemment pas d’ironie, le cœur du récit s’articulant autour de la traque des véritables émotions humaines traquées par les algorithmes. Gozlan reproduit le même schéma, faisant de chaque artifice un ingrédient susceptible d’épicer l’atmosphère de sa soupe insipide : ainsi de la paranoïa de son personnage, qui permettra d’explorer des ramifications labyrinthiques particulièrement poussives (la contamination, la pièce secrète, le complot) qu’on pourra toujours mettre sur le compte d’une maladie mentale à la fin, en se débarrassant ainsi de ce qui semblait le plus écrit à la truelle. Cette paranoïa se résume à deux procédés répétés ad nauseam : gros plans insistants, sur les « players » fixés aux cloisons, et la comédienne, Cécile de Fronce-les-sourcils.
L’IA ponctionne la production humaine pour générer une nouveauté mensongère, puisqu’elle n’est que compilatoire. À l’image de ce film, saturé d’artifices, mais dénué d’intelligence.
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