Dangerous Animals parvient à surprendre là où on ne l’attend pas, en renouvelant le film de requin. Fait inespéré tant le genre stagne depuis Jaws, jamais égalé, encore moins dépassé, et où la succession annuelle des flotteurs (dans le sens scatologique du terme) allant des Meg de Statham au Sous la Seine de Gens et en passant par les innombrables impostures mockbusters made in The Asylum, laissait peu de place à une potentielle réhabilitation. Tout juste pouvait-on trouver un passable mais classique The Shallows en 2016.
Mais le film de Sean Byrne tire son épingle du jeu en hybridant les bêtes tueuses avec le film d’enlèvement. C’est Wolf Creek et Beast (si si, ce film de lion enragé avec Idris Elba, souvenez-vous) combinés dans un mélange réussi. En amalgamant les genres, on ne sait pas quels codes vont être employés à quel moment, permettant ainsi à la tension de fonctionner. C’est tout bête, mais il fallait y penser.
C’est d’ailleurs surprenant que personne n’ait eu l’idée plus tôt de faire un film de séquestration en mer ou de snuffs labellisés Bio. Car ici pas de méchant requin ou d’animal hors de contrôle, mais bien le plus dangereux des prédateurs qui sous-traite la mécanique meurtrière de façon ritualisée, fétichisée. L’introduction est à ce titre exemplaire, gérant parfaitement l’attente du retournement violent de la situation, alors que l’on nous montre les squales dans une approche contemplative, comme les belles créatures qu’ils sont.
Paré d’un côté presque cartoonesque dans la succession des tentatives d’évasion échouées, d’une bande-originale qui donne envie de tout Shazamer, d’un Jai Courtney dont la carrure et la logorrhée aux accents Oz prononcés sont enfin utilisée à bon escient, et d’un message féministe qui n’en fait pas des caisses, porté par la combativité de Hassie Harrison qui renvoie le mâle toxique dans les filets, Dangerous Animals est une expérience qui remplit le contrat haut la main.
Une bonne surprise sous la forme d’un divertissement malin, tendu et original. Tout baigne.