Dangerous Animals
6.1
Dangerous Animals

Film de Sean Byrne (2025)

Est ce que vous plongez la tête la première dans la salle de cinéma dès qu'un aileron fend l'eau sur l'affiche ? Moi oui.


Et je peux vous dire que j'en ai vu des merdes avec des requins.


Par contre des films sympas comme celui-ci avec en prime un propos de fond sur le genre beaucoup moins.


Si vous êtes vous aussi fan de Jaws, vous n'êtes probablement pas sans savoir que le succès du premier blockbuster de l'histoire à largement contribué à la squalophobie généralisée des gens (pour ne pas dire qu'il l'a carrément créé). Des requins ont été et sont toujours massacrés dans le monde pour qu'on les mange (et pas l'inverse), ou pour que nous nous sentions plus en sécurité lorsqu'on pique une tête. Petit rappel, les requins tuent entre 7 et 8 humains par an. Les humains 80 millions de requins. Vous faites ce que vous voulez de cette information, c'est juste un fait.


Alors pourquoi on est toujours terrifié par les squales ? Si on applique ça au cinéma, c'est quoi un bon film de requin ? La réponse est plutôt simple. Un bon film de requin est généralement un survival, mettant en scène des personnages dont le nombre va progressivement se réduire au fur et à mesure que les scènes d'action / horreur s'enchaînent. Les plus valeureux de ces persos auront peut-être la chance de s'en sortir et de remettre en fin de film les pieds sur la terre ferme.


Pour en venir au film du jour, Dangerous Animals n'est pas un film de requin. C'est un film avec des requins.


Ici, l'animal n'est pas le méchant du film. Dès ses premières scènes, il est exposé au grand jour, les espèces se succèdent sous nos yeux dans une séquence d'intro pas mal foutu du tout. Là où habituellement la bête est cachée, n'apparaît que via ses nageoires ou en plan subjectif, pour se dévoiler entièrement dans le climax; Sean Byrne prend le parti pris de nous les montrer d'entrée de jeu. Pourquoi ? Car ils ne sont pas la menace.


Le vrai menace c'est un serial killer. Plutôt crédible et effrayant d'ailleurs. Si lui aussi est identifié dès le début du film, il dévoile petit à petit ses manies, ses rituels, ses côtés sombres et effrayant. Rien de révolutionnaire, mais un bon méchant plein de ressources, qu'on a effectivement bien envie de voir crever. J'ai particulièrement aimé son background, le fait qu'il ait été victime lui aussi d'une attaque étant jeune. Sans trop en dire, ça pose sa psyché. Un vrai mordu du genre.

Surtout, il filme ses mises à mort, en bon fétichiste. En quelque sorte, il s'auto proclame réalisateur de film de requin, se régalant de regarder inlassablement les cassettes où ses victimes meurent... Comme nous devant ces films.


Ce qui est intéressant dans ce genre de survival, c'est qu'on aime les regarder pour se mettre à la place des personnages. L'équation est simple: si on a une meilleure idée qu'eux pour se sortir d'une situation, ce sont des débiles qui méritent de mourir. S'ils agissent logiquement et font tout pour s'en sortir, ils deviennent de bons héros. En l'occurrence, celle de ce film est sacrément coriace.

Il lui en arrive des galères, elle parvient toujours à trouver une solution, se battant pour sa survie à s'en mordre les doigts. Sa faiblesse, c'est sa solitude, qu'elle devra renier pour mener la fin du film à bien. Seule, sa vie n'est qu'une errance. Accompagnée, elle prend un sens. Un message plutôt intéressant, comme un clin d'œil coquin aux plus célèbres "il faut qu'on se sépare" menant généralement à la mort dans les films d'horreur. Elle a besoin des autres pour vivre (et ne pas juste survivre) comme nous avons besoin des requins pour ne pas mourir (si vous ne me croyez pas, faites vos recherches vous allez être surpris).


Dangerous Animals est un vrai bon film, bien moins con qu'il n'y paraît si on prend le temps d'y réfléchir un peu (ce qui est déjà un exploit pour un film de requin). Jouant avec les codes du genre pour mieux le critiquer, il est surtout le premier long métrage de sharksploitation (à ma connaissance) à ne pas diaboliser le requin, bien au contraire.


Les trois meilleurs films de requin étaient pour moi Jaws, Peur Bleue et The Reef, est ce que celui-ci va les rejoindre dans le top de ce sous-genre ? Ca mérite réflexion, mais franchement... c'est bien possible.

Sihtam
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le 22 août 2025

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