Je me décide enfin à regarder le DVD traînant depuis 2 mois devant ma TV... Un fim glauque de paumés, un peu dans le genre Jim Jarmush ou Casavettes: ça me fait penser un peu à femme au bord de la crise de nerfs en moins hystérique, mais en plus dépotoir, notamment la cuisine, délabrée et sordide et le bout de jardin désespérément nu. La mère, la quarantaine, célibataire, ancienne majorette du lycée, ancienne beauté locale, fofolle, au chômage, vivote, notamment en louant une chambre à des débris dont on ne veut plus, comme une vieille mamie muette dont se débarrasse sa fille, à moindre frais. Elle est tragiquement enfermée dans un cercle alternant lassitude et projets irréalisables pour s'en sortir: Une boutique, un resto ... Mais dans ce monde-là, on ne prête pas aisément à quelqu'un offrant si peu de garanties!
Toutefois, Il existe aussi un peu d'espoir: Ses deux filles. Certes elles partent avec un gros handicap vu la situation. Pour l'aînée, épileptique, cherchant à plaire aux garçons, en proie à des terreurs nocturnes, majorette pas très douée, mais faisant rire, avec un certain talent, ses camarades, dans le même lycée que celui où se trouvait sa mère, en parodiant celle-ci, à un moment la traitant même cruellement de folle par dépit d'être privée de sortie, l'avenir est incertain. Elle possède toutefois assez de lucidité et cherchera peut-être à échapper au destin de sa mère.
Pour la cadette, petite blonde touchante un peu effacée, au regard bleu - Elle n'est pas la fille de Paul Newman pour rien! - c'est avec la science qu'elle se sauve. Encouragée par son professeur, dans le cadre du concours scolaire du meilleur élève scientifique, elle travaille sur une expérience d'irradiation de graines de marguerites pour étudier leurs mutations. Cet aspect nous explique le titre tarabiscoté et énigmatique du film.
Au bout d'un moment ce film m'a dit quelques choses car certaines scènes sont très particulières et savoureuses ou poignantes. Plusieurs scènes marquantes m'ont confirmé que je l'avais vu, sans doute dans un hôtel, dans de mauvaises conditions, tard la nuit, sans l'attention méritée.
Je suis très content de le revoir sérieusement car il mérite d'être mis au panthéon des ovnis. Une interprétation remarquable de l'actrice principale, Joanne Woodward, femme de Paul Newman, une mise en scène simple, sans effet de manches, sans musique, mais très efficace et convaincante, une qualité du détail glissé sans volonté de démonstrativité lourde, digne d'un excellent réalisateur.