C'est pas Noël, mais je vais critiquer un film qui n'a pas été sage.

Deadpool a le mérite, dans l’univers X-Men, de faire parti des héros atypique parmi les anti-héros, surtout connu auprès des fans du comics pour son humour noir et tordu et le côté trash des bande-dessinées. Alors vous imaginez bien que, quand un studio décide de réaliser un film sur un tel personnage, ça fera non seulement du bruit auprès des fans mais aussi auprès des habitués des films X-Men ou de super-héros.


Faut dire que jusqu’à maintenant, l’univers X-Men n’a pas été gâté avec les spin-off : X-Men : Wolverine Origins était simplement raté, bourrée de cliché et de choix douteux. Le combat de l’immortel se laissait regarder mais là encore, je ne le trouvais pas entraînant. Quant à Deadpool, je n’attendais pas un film trash et à humour noir aussi réussi et jouissif que l’espéraient les fans car les bandes-annonces étaient aussi drôle qu’assommant, et je craignais une grosse inconsistance pour ce qui est du héros principal vu son pitch de départ. Dans les comics on le décrit comme un psychopathe mégalomane, cruel et imprévisible donc lui donner une donzelle comme petite copine, c’était pas pour me plaire.


Cela dit, comme toujours, je ne veux pas juger sans regarder. Alors j’ai été le voir en avant-première, et au final… ce que je craignais s’est en grande partie manifesté. Si je ne haïs pas cette adaptation pour autant et qu’il y a bien des bons points à retirer, il y a beaucoup trop de problème pour que je le considère comme réussi et bon.


Parlons d’abord des acteurs, Ryan Reynold campait pour la seconde fois le personnage de Deadpool après Origins, et c’était ma première crainte car les deux seuls films ou j’ai vu Reynold (The Voice et Origins), je l’ai trouvais aussi fade que mauvais. Mais au final non, il sait jouer comme il faut et je suis sur qu’il s’éclatait derrière son costume en lycra rouge, et mine de rien c’est déjà ça de gagner. Par contre, je ne peux pas dire que son personnage m’ait emballé.


Pour schématiser tout ça, voilà comment il fonctionne : à chaque fois qu’il apparaît à l’écran ou qu’il parle (littéralement), Deadpool (ou Wade Wilson) emploi un dialecte vulgaire ou un one-liner pendant 95% du temps et pour les non-initiés aux comics, il risque de rapidement vous saouler. Autant par moment, ses réactions et certaines one-liner font mouches,


comme celle ou il se coupe la main gauche pour échapper à Colossus en train de le traîner avant qu’il ne plonge dans un container à ordure alors que sa main couper fait un gros doigt d’honneur à Colossus (j’avoue ce gag m’a beaucoup fait rire).


Mais à force de balancer des one-liner tout le temps, même quand il n’est pas encore un super-héros (je ne plaisante pas, il était déjà comme ça avant), il en devient unidimensionnel, très potache et pas pour le meilleur, notamment avec des phrases comme :



ça va chier dans les casseroles !



Ou encore



Oh je plains le petit puceau qui va lui mettre la pression pour
coucher.



, et c’est pas sa courte histoire de


caresse de testicule avec Wolverine pour avoir qui va aider.


Pire, on tente même de le rendre attachant avec son background et ça ne rend le personnage que plus bordélique et inconsistant comme si ce film n’assumait pas son aspect psychopathe et tordu, mais j’en reparlerais plus bas.


En parlant de ça, la copine du héros est jouée par Morena Baccarin, là encore rien de mal pour ce qui est du jeu de l’actrice. Sauf que peu de chose ressort de son personnage, juste une bombasse pour mettre le héros en valeur et dont le peu d’introduction que l’on a est trop vite balancé pour passer à la romance entre elle et Wade. Autre point qui n’aide pas, le méchant est encore une fois mauvais et raté, Ed Skrein fait tout juste le job mais avec un personnage aussi pauvre et cliché (quand l’argent et le sadisme sont sa seule motivation), impossible de livrer une performance vraiment intéressante, quant à son sbire jouée par Gina Carano, elle joue les sbires de super-méchant comme n’importe quel sbire de super-méchant. T. J. Miller jouait le comic-relief de service, qui donnerait plus envie de recevoir des claques tant ses répliques sont gavant et tant il est casse-pied par moment avec le peu de dialogue qu’il a avec Wade. Parmi les personnages populaires de l’univers X-Men, Colossus était de la partie, qui était carrément tertiaire dans la saga, et si ça fait plaisir de le voir un peu plus en avant et qu’il arrache des sourires, la motion capture pour le personnage est dégueulasse à voir, tout simplement parce que son armure est trop lisse pour paraître crédible à l’écran, et qu’il n’y a aucune raison pour qu’il soit en métal pendant tout le film, surtout à l’école des X-Men. On a aussi la première apparition dans l’univers des films de Negasonic, plus anecdotique mais pas désagréable. Jed Rees est oubliable, Leslie Uggams également, Stan Lee fait un énième caméo (prévisible comme le dit le générique) mais sympa comme toujours. Donc au final, pas grand-chose à se mettre sous les yeux niveau personnage, surtout quand on voit à quel point Deadpool passe de l’anti-héros à humour noir et tordu à l’amoureux en quête de vengeance et voulant sauver sa femme.


Junkie XL était à la musique pour ce troisième spin-off sur X-Men. Les compositeurs comme Harry-Gregson Williams et Marco Beltrami n’avaient pas fait un boulot très inspiré pour les spin-off sur Wolverine. Ce n’est pas ici que ça va changer, autant les choix musicaux sont sympathiques et pas mal utilisé, j’aime bien la chanson Shoop déjà présente dans les BA, mais les morceaux inédits sont trop plats et trop semblables au style Zimmerien pour être efficace ou marquer un temps soit peu.


Quant au visuel, soyons radical : c’est laid, mais vraiment laid. Surtout parce que ce film poursuit cette tendance d’utiliser ce putain de filtre gris pour quasiment tout les films de super-héros pour faire genre « Hey, t’as vu ? Notre film est sérieux et mature. » Or là je dis : STOP !
Deadpool est vendu comme un film de super-héros déjanté et jusqu’en boutiste sur son humour vulgaire et tordu, alors ce foutu filtre n’a rien à faire ici. J’exagère probablement mais depuis mon expérience avec le reboot des 4 Fantastiques, j’ais un énorme ras-le bol avec cette mode qu’ont lancé les films de super-héros de Bryan Singer et Christopher Nolan avec ce filtre dans la photographie, sans compter qu’au final l’univers est assez restreint vu les décors et environnement ou se déroule l’intrigue. Et la réalisation de Tim Miller n’arrange pas tellement ce problème. Si les chorégraphies des combats sont chouette et bien orchestrés, l’utilisation constant des effets de style que ça soit pour les plans ou les ralentis esthétisés les empêchent d’être immersible et font même remplissage quand on sait que ce film n’en regorge finalement pas tant que ça. Pour le reste, c’est le minimum syndical, rien d’incroyable ou d’inoubliable pour le coup. Même si, j’aime bien le costume de Deadpool et le design de Negasonic ainsi que les effets spéciaux pour les pouvoirs de celle-ci, je l’avoue.


Il me reste à parler de l’histoire et justement de l’idée de départ qui est de faire un film de super-héros pas super-héroïque et avec un héros à humour tordu et assumé vulgaire. Honnêtement, je pense que ça aurait donné un vrai bon film si cette idée était bien traitée et que l’humour est dosé comme il faut. Malheureusement, ce film a un gros problème qui est le suivant : il veut plaire à un public très précis et marcher principalement auprès des fans, pas être bon et plaire au public large.


Cela se voit déjà avec toutes les one-liner que balance constamment Deadpool et qui, je suis sur, sont pour la plupart présent dans les comics avec le personnage (les gens ont très souvent rit pendant ma séance, je suspecte plusieurs d’entre eux d’être fans de la bande-dessinée… mais encore une fois, j’assume avoir bien rit à certains gags et répliques de Deadpool). Alors si il s’assumait jusqu’au bout, j’aurais pu laisser passer. Seulement, on tente de le rendre attachant avec sa romance aux côtés de Vanessa qui est, déjà, trop vite balancé,


mais dont on retient pratiquement que les scènes de sexe et les dialogues potaches qu'ils échangent, même le cancer de Wade est traité par dessus la jambe.


Pas très solide tout ça !


Et surtout comment voulu vous faire passer pour un mec comme lui attachant qui se comportait déjà comme une enflure avant d’avoir ses pouvoirs et avait déjà un franc-parler bien cracra ?


Surtout si ce mec séquestre une vieille dame aveugle chez lui après les expériences qu’il a subit ?


A ce stade, c’est de l’inconsistance pour ce personnage. Et en faire le narrateur de l’histoire ne va pas aider à le rendre plus attachant en tant que anti-héros, là ou Star Lord/Peter Quill était consistant et cohérent dans Les Gardiens de la galaxie qui s'assume bien mieux en tant que space-opéra décomplexé.


Mais encore si ce n’était que l’humour de Deadpool qui posait problème, y’a plus gênant. Ce film se joue à la manière d’un long-métrage qui s’amuse à être ultra référencé mais jamais de manière subtil ou bien dosé. Deux exemples tout bête, la première :


lors de la scène ou Wade va faire une demande à Vanessa en mariage, il fait une allusion à Star Wars : épisode V, L’empire contre-attaque en se comparant sexuellement à Yoda chevauchant Vanessa qu’il compare à Luke et cette dernière cite carrément le film du même nom, comme si on était trop idiot pour savoir de quel film ils parlaient.


Le second exemple, et là c’est le moment ou je me suis bien facepalmer,


c’est quand Wade retrouve Weasel au bar et que ce dernier lui fait savoir qu’un homme en costard cravate attend à une table en disant, mot pour mot :




Tu devrais aller le voir, il pourrait faire avancer l’intrigue.




… et là encore je dis non ! N’importe qui avec un minimum de matière grise a déjà compris qu’un homme en smoking dans un bar, ça n’a rien de commode, alors ajouter ça c’est carrément prendre le spectateur pour une tête de nœud.


Je pourrais aussi parler de la scène post-générique


qui annonce clairement une suite, sans être fin encore une fois (quoique, là encore, j’ai pas pu m’empêcher de rire à une vanne),


mais, à vous de voir de juger.


Après, si je dois dire un truc de bon, il y a quand même certains touches d’humour, en dehors de chez Deadpool, qui marchent plutôt bien grâce à Colossus et son côté gentleman qui se manifeste ici. Et encore une fois, il y a tout de même des moments ou j’ai bien ris, mais à d’autres par contre beaucoup moins.


Après, je pense que tout cela est repris des comics et est purement assumé, le côté vulgaire et la narration par Deadpool sont très probablement voulu, mais ce n’est pas parce qu’un choix est assumé qu’il est bon et passe bien au cinéma par rapport aux BD. Et en l’occurrence : Deadpool est non seulement un autre spin-off de X-Men qui n’est pas réussi à mes yeux bien que je ne me sois pas ennuyé, mais aussi un film qui n’a que pour but de plaire à son public cible quitte à tomber dans la facilité en terme d’humour et d’écriture. Les X-Men de Bryan Singer et de Matthew Vaughn ne sont pas parfait mais au moins tout deux avaient pensé à la qualité du film avant de plaire au public, y compris pour les touches d’humour. Peut être que ça vous plaira, dans mon cas, je le considère comme un énième spin-off qui ne vole pas bien haut sur un univers pourtant aussi prometteur que X-Men.

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le 10 févr. 2016

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