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Monty Reynolds et Le Sens de la Vie Marvel

Après avoir prouvé à la Fox que son perso était bankable ET sympathique, Ryan Reynolds honore le MCU de l'ajout de celui-ci dans un moment bien difficile. Déterminé à exaucer les voeux des fans mais surtout les siens, il a donc carte blanche ou presque pour faire joujou avec les supers. Et joujou avec les supers il fera, avec un plaisir non dissimulé.

Le parc d'attraction qu'est ce genre bat clairement de l'aile du côté de la Maison des Idées, et il était temps qu'une nouvelle opportunité de brosser le public dans le sens du poil avec une bonne overdose de nostalgie pointe le bout de ses griffes en adamantium.

Globalement, j'ai passé un bon moment. Spoiler alert

On a gardé le même esprit des deux précédents, Reynolds est toujours extra dans son rôle et l'arrivée de Hugh Jackman en tant que binôme fonctionne à merveille. Il y est relativement spicy et j'apprécie cette dynamique. Certains relevaient que l'absence de Cable aurait créé un déséquilibre car Logan le remplace, mais si je suis d'accord avec ce risque de déséquilibre, je pense pour autant que le second est bien différent du premier. Là où Cable montre un tempérament bougon mais contrôlé une fois en bons termes avec Deadpool, Logan n'as certainement pas cette patience.

J'irais même jusqu'à dire que de volontairement considérer Logan comme canoniquement moins impactant avec ce nouvel opus de Deadpool revient juste à vouloir se faire du mal pour un truc qui n'a pas beaucoup d'importance, des gens ont bâti des religions et sont partis en guerre pour moins que ça. D'ailleurs, je trouve que ce nouveau Logan peut briller à sa façon après avoir (manifestement) connu de graves tourments.

Quant au reste du film, la musique est comme d'hab, les scènes d'action sont sympas, la méchante a un certain charisme, les décors sont couci-couça.

Le principal toutefois... c'est le rôle du film. Pas son histoire, du moins pas tout de suite même si la meta de celle-ci joue un rôle direct avec ce que je vais dire, mais bien le rôle du film, au sein du genre super-héroïque.

Difficile d'aborder une critique purement cinématographique à ce stade. Je l'avais relevé à de multiples reprises et particulièrement à la sortie d'Infinity War : ces films ne sont plus des films, ce sont des évènements épisodiques. Ils ne sont plus là pour dévoiler un récit avec des enjeux qui sauront trouver un dénouement satisfaisant, mais pour nous donner envie de voir la suite des aventures de personnages auxquels nous nous sommes attachés, au travers de péripéties.

Si ça n'est pas un mal en soi - les séries et comics peuvent parfaitement fonctionner ainsi, le MCU nous a récemment montré que l'exercice n'était pas aussi simple à répliquer. Alors pourquoi diable est-ce que j'ai trouvé ce film bien plus sympa à mater que, disons... Doctor Strange 2 ? Après-tout, D&W remplit le même cahier des charges, jusqu'au cameo dumping.

J'ai envie de développer des paragraphes entiers que personne ne lira donc je vais essayer d'être ultra concis (spoiler alert : je n'ai pas réussi.) : je pense que le film (et les personnes ayant bossé dessus) a conscience de ce qu'il est, il s'aime pour cela et sait comment l'utiliser à bon escient pour son récit.

Ça paraît con, mais dans une industrie qui s'auto congratule si souvent et si mal, les fois où on voit un amour sincère pour le matériau, ça se ressent, malgré le cynisme, malgré la meta, malgré l'évidente capitalisation de ce sentiment-même d'amour sincère, malgré un scénario qui tient sur un cure dent.

Ça se VOIT que Reynolds et ses équipes n'ont pas totalement envie de prendre le public pour des cons, et ça se voit que les personnes sollicitées pour le projet ont une volonté manifeste de proposer un tour de passe-passe qui, à défaut d'invoquer le cinéma de Truffaut ou Scorsese, n'invoquera pas non plus celui des récents échecs marvel-esques, dénués d'intérêt pour les supers qu'ils montrent.

Rien qu'au niveau des caméos on sent une approche différente : on est à des années lumières des immondes doigts levés aux fans comme Bohner, ou (j'y reviens souvent) les Illuminatis de DS2.

En fait, on sent bien qu'ici c'est un baroud d'honneur aux essais super héroïques de la Fox autres que les X-Men qui, malgré d'évidents défauts, ont tous fini par passer à la postérité en formant quelques piliers nanardesques sur lesquels l'empire des supers au cinéma pourra être bâti. Même Johnny, malgré une mort qui sent pourtant la même odeur que celle d'un Reed Richards. Ça aura duré 2min mais j'ai vraiment l'impression d'avoir retrouvé la version de 2005, la fonction PG 13 désactivée nonobstant. Le fait qu'il serve de blague dans ce contexte m'a paru bien moins... irrespectueux que le traitement réservé aux Avengers du pauvre de DS2.

Cette idée d'un Deadpool qui a peur de ne pas marquer les esprits, de ne pas "compter", fonctionne bien avec Daredevil, Elektra, Blade et autres Quatre Fantastiques version Tim Story. Des essais bancals pour la plupart (quant ils ne sont pas littéralement avortés comme Gambit), mais qui ont tout de même façonné l'industrie, posé des jalons. Parfois, on doit certains succès à des échecs antérieurs. C'est presque fou d'avoir l'impression de déceler autant de grilles de lectures malgré un plot aussi fin.

Parce qu'autrement, ça reste un tour de manège qui laisse peu de temps au mystère, aux développements, aux intrigues : il va droit au but et préfère passer du temps avec des persos qui, disons-le, ne sont pas mauvais. Rien de révolutionnaire, juste une sympathique utilisation des IP de la Fox, ça n'insiste jamais "trop". J'aurais même souhaité passer plus de temps avec eux. Certains sont tristement survolés comme X23, même si elle contribue indirectement à l'un des rares passages sérieux du film (dieu merci ils n'ont pas interrompu la scène avec un Deadpool qui débarque pour ruiner le moment, ils en auraient été capables). Ils sont bien trop rares cependant et l'impact aurait probablement mieux marché si on avait passé plus de temps à exorciser les traumas de Logan et par corrolaire de Deadpool. À la fin on devine le cheminement, mais c'est accéléré pour pouvoir conclure la péripétie de cet opus.

Content de voir Deadpool et le reste de l'écurie Fox enfin rejoindre le MCU, c'est une introduction qui m'a plu même si le scénario de ces films n'a plus rien d'une intrigue et les méthodes de production rendent le résultat visuellement très basique, malgré l'ajout d'hémoglobine numérique.

Chernobill
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le 19 août 2024

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Chernobill

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