L’histoire de Masseron est celle d’un cuisinier pour nobliau qui réalise qu’il ne pratiquait pas son métier pour de bonnes raisons à la suite d’une bassesse de cour. Son fils, la tête remplie de livres et de l’esprit des Lumières ainsi qu’une femme voulant devenir apparemment son apprenti vont lui ouvrir les yeux pour pratiquer enfin l’art culinaire pour tous. Avec son scénariste, Éric Besnard ne se contente pas de nous décrire un destin singulier mais un formidable mouvement dans la démocratie des mœurs où chaque individu a pu enfin s’asseoir à une table d’égal à égal pour profiter des plaisirs salés et sucrés. Délicieux est donc la fois un régal pour les yeux mais aussi un écrin pour prôner l’ouverture et l’égalité. J’ai beaucoup aimé le fait que chaque personnage ait son importance dans l’histoire et que Masseron ( encore un superbe Grégory Gadebois en ours mal léché au cœur tendre) ne soit finalement pas traité comme un personnage central.Ce sont justement des interactions riches et significatives avec ses proches qui le feront aller de l’avant. Le pari de situer une action en pleine campagne était grand mais il est tenu avec brio. La façon de filmer la nature, les intérieurs rustiques et la justesse vestimentaire sont remarquables. Cela faisait longtemps qu’un film d’époque n’avait sonné aussi juste dans ses propositions et ses évocations.Isabelle Carré, de par son personnage, offre une composition en clair obscur juste et inspirée. Les moments dramatiques entre rires et émotions sont réellement bien assaisonnés et la sauce prend. Délicieux est aussi un film qu’on aborde plus cérébralement car sa justification est plus dans les relations entre les personnages que dans l’action en elle-même.Quand Masseron renvoie avec maestria l’affront que lui a fait son duc, le spectateur ne peut que jubiler du retour d’ascenseur mis en place par le cuisinier.Je ne peux que conseiller Délicieux que pour son sens du vrai sentiment et du bon vivre faisant jaillir une positivité et une envie d’exister tellement communicative. Vu notre quotidien, c’est précisément ce dont nous avons besoin pour nous sentir bien et nourrir nos consciences.

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le 16 sept. 2021

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