le 18 mai 2023
Un temps pour tout !
J'avoue que je n'ai pas compris le délire du réalisateur Cyril Schäublin (le mec a du talent à revendre, il a une patte personnelle intéressante, comme je vais le faire comprendre par la suite, donc...
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Désordres décadre la plupart de ses plans, habilement, créant une esthétique étrange, déconcertante, accompagnée d'un jeu d'acteur en dehors des conventions, moins naturaliste. Le film, qui traite de l'anarchisme en Suisse, dans une usine d'horlogerie, alors que Kropotkine est en voyage professionnel pour cartographie la région, sans être encore le oenseur anarchiste qu'il deviendra, est en cela anarchiste dans sa forme. Des plans fixes, peu centrés, le son détaché de l'image (ce n'est pas les dialogues du premier plan qu'on entend fort, mais ceux de l'arrière plan, à peine visible : on cherche qui parle, on apprend à regarder une image), et ce qu'on pourrait appeler des images-lieux. C'est à dire des images qui font office de lieu, comme une métonymie. Dans la rue, le même plan fixe revient souvent (comme un décor peint de théâtre, mais ce sont des images vivantes), et cette idée revient pour le bar, pour la cour, pour un coin de rue, si bien que l'image-lieu devient personnage. Poétiquement, le film propose de faire autrement, comme politiquement les militants proposent autre chose que le système capitaliste inégalitaire et économiquement autoritaire en place. Refaire la Commune. C'est aussi refaire la Commune, Paris 1870, imaginée par Peter Watkins en 2000. Esthétiquement donc, le film est fort. Politiquement, il est intéressant, car là encore, tout est en décalage, c'est à dire que tout est indirect : pas de révolte, mais une tombola, pas de grève, mais de l'information. Il s'agit de s'emparer de l'espace, d'occuper cette image différemment, non pas arbitrairement mais selon un autre ordre. Ainsi, la métaphore de l'horlogerie, des différentes heures selon les différentes pendules (mairie, église, usine), apporte les contradictions et le dysfonctionnement d'une société réglée et déréglée en même temps, de façon absurde. Dans ce nouvel univers, il ne s'agit pas de remettre les pendules à l'heure, mais de supprimer le temps, ou plutôt de le capturer... Voilà comment l'image-lieu devient une image-temps, et l'histoire, un film.
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Créée
le 28 mai 2023
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le 18 mai 2023
J'avoue que je n'ai pas compris le délire du réalisateur Cyril Schäublin (le mec a du talent à revendre, il a une patte personnelle intéressante, comme je vais le faire comprendre par la suite, donc...
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